La nuit m'éclaire mal, me perd dans des pensées bizarres, me fait mal juste là à vot'gauche, juste là sur mon coeur.
" Amor Amor " envahit mes narines, j'avais juste envie de m'envoyer du parfum sur la chemise à ronds multicolores.
Mais maintenant ça me donne mal à la tête, à m'en déchirer cette chemise.
Journée lassante, passée avec un moral fâché avec le monde entier. Et pof dans ton dentier. Heu.
A 17 heures je suis passée devant son bahut voir s'il sortait. Perdu. Pas de Lui.
Son bahut est énorme, près du mien, mais énorme. Son visage se noie dans cet océan d'élèves et ça me déprime un peu. Peut-être bien que je ne le reverrai plus jamais.

Je refuse que cela se passe ainsi.




Le soleil s'est couché le visage en feu et je l'ai capturé l'espace d'un baillement sur mon appareil photo.
Un bout de lune l'a remplacé, ridicule dans cette imensité bleu marine.

Je viens de promener ma chienne, en souvenir de l'hiver passé avec Alex à faire gamberger nos pensées un peu ailleurs que sur cette terre. Souvent, il faisait très froid, nos doigts se crispaient sur les laisses qu'on tenait fermement. Logan, son chien, marchait devant nous, les oreilles aux aguets, la mine fière d'un golden retriver. Mes chiennes à moi marchaient devant / derrière, n'importe comment.
Je leur donnais quelques ordres, en vain, elles ne m'écoutaient pas. Alex geulait un bon coups, elles s'arrêtaient nettes.
Quand on parlait de la fumée glacée sortait de nos bouches engourdis. Mêmes nos pieds semblaient gourds.
Y avait dans l'air une odeur de cheminée, le parfum des nuages frisqués. Parfois on s'aventurait près de la rivière qui au milieu de Décembre devient grise, puis blanche.
Bastien aimait cette époque là.

J'en parle comme si il n'était plus là. Pourtant il est bien vivant, quelque part dans un coin de Strasbourg. Et dire que si je voulais je pourrai m'emparer du téléphone, pianoter dix petits numéros et entendre sa voix douce, grave, sourde. Agréable.
Mais je ne veux pas. Je ne veux plus.
Il fait parti d'un passé présent dans ma mémoire. Il n'en sortira que si il le veut.

Le ciel à l'air de se coucher sur moi. Il fatigue, les étoiles ne scintillent que très peu à cause des lampadaires qui grignotent leur gaité.
Je me suis vernis les ongles en rouge sanguin pour fêter les feuilles qui tombent en cette période différente de celles que j'ai connu. Car d'habitude, il y a de l'amour. Cette fois-ci il y en a mais...ce n'est pas pareil.

Même ma mère me parait fade. Mon père quant à lui ne fait que me croiser. Ou alors c'est moi qu'il l'évite. Je l'évite ? Je lévite ?
J'en sais rien.
Je les fuis parce que je me sens mal dans ma peau.
Vous me direz que c'est l'âge, mais je ne pense pas.
J'ai juste besoin d'un Lui.

Rien qu'un et ce sera parfait.

J'ai les pieds froids. Je les pose sur le radiateur brulant. Ca réchauffe mal alors autant les retirer.
Mon vernis parait lourd. J'ai les ongles fragiles, ils s'abiment très vites, se dédoublent surtout dans les périodes creuses de ma vie. Celle-ci n'est pas creuse, elle résonne juste faux. Comme ma guitare que je peine à correctement accorder. J'en ai joué comme une aliénée toute la semaine, j'ai même créé quelques mélodies douteuses.
Mes idées, je les ai retranscrites dans son bois chaud et rassurant.
Mes peines, je les ai écorchées en pincant ses cordes peu coupantes.

J'ai coupé le bout mou de mon annulaire en voulant couper de la ciboulette. Ca a saigné sur mon vernis rouge. Ca se'est confondu lentement. Tout comme mon dos et le mal qui l'envahit tout le temps. Mon kiné n'y peut rien car c'est surement psychologique. Quoique.

Mon père vient d'éteindre la lumière, gentiment, il croyait bien faire. Je lui dis, méchamment, de ralumer. Je m'en veux.
Il est 21h19 et tout de bouscule dans ma tête.

Je stop là, ça fait trop mal au bout du doigt.