Hier j'avais l'aigre goût de la connerie au fond de la gorge. A cause de cette fille, cette peste, qui m'exposa mes quatres vérités sans que je lui ai demandé son avis.
Je la déteste.
J'ai ruminé dans mon coin toute la journée jusqu'à son coup de fil. Sa voix m'étonne à chaque fois. Parce qu'elle parait loin de moi, alors qu'on habite à cinq maisons l'un de l'autre.
"Allô?"
" Ninou, c'est moi"
"Alex!"
On papote quelques minutes.
"Tu veux venir avec moi au musée d'art moderne?"
" yeaaaah, j'me prépare et j'arrive"
Le temps d'enfiler mon pantacourt deeeestroy, mon gilet blanc et me voilà sur le bitume.
Je l'aperçois quarantes mètres plus loin, sa silhouette est musclé par le soleil estival.
C'est presque finie. L'été est à sa fin. Mon anniversaire approche.
Puis, j'arrive devant lui. Nos deux ombres se mélangent sur le macadam noiratre. Ca me fait un petit coup au coeur, à pein perceptible.
On prend le bus. On rie de la manière de conduire du chauffeur. Il va plus vite que le vent qui caresse mon visage à la fenêtre entr'ouverte.
Alex me raconte sa petite semaine entrecoupée de mélo-drames comiques qui me font m'esclaffer bruyament. La mémé assise au premier rang me lance des regards chargés de foudre.
Mais j'm'enfous. Un peu d'exentricité ne fait de mal à personne. Et rire fait du bien.

On sort du bus. Je manque de m'exploser la geule sur la chaussée. Alex me rattrappe de justesse. Il me tient une fraction de seconde par les hanches. Puis Je reviens brusquement à la réalité quand il me lâche doucement.
Un tram passe, je le prends légèrement vacillante comme enveloppée par son charme.
Et puis on arrive devant le musée.
Il est énorme, moderne ( commes tous ceux d'art moderne hiihi ). Tout de verre et d'acier. Nous le regardons comme à chaque fois, comme à la toute première fois.
Pour lui c'était avec l'école. Pour moi...les souvenirs sont flous. Surment avec mes parents...peut-être avec Quentin...ou avec ma marraine... qui sait? Pas moi en tout cas.
Je paie la place d'Alex, parce que c'est à mon tour. Ca fait longtemps qu'on est pas allé ensemble au musée. Ca m'a manqué.
A l'intérieur, c'est encore plus énorme. Le hall nous avale tout rond. Une lumière blanche perce le verre pour se réfléchir sur mon gilet.
D'après Lui je suis " Comme un ange". C'est un compliment qui n'a pas la même valeur qu'avant.
Bref.
La salle qui nous intéresse est tout au fond à droite ( préciiisééément! ). Nos pas résonnent en rythme sur ce sol immaculé. Comme celui des hopitaux mais en plus beaux.
Je regarde chaque dessin de Gustave Doré avec admiration. Il a su crée son propre univers fabuleux et épique, à partir des histoires des autres. Alex scrutait chaque détail. Perçoit-il les mêmes choses que moi?

Les yeux pleins de bruns, bleus, noirs, nous franchissons la porte du musée.
On se pose dans l'herbe, des skateurs effectuent des figures toutes les plus élaborées ( et farfelues) les unes des autres. Je suis béate d'admiration. Ils ne font qu'un avec cette vulgaire planche de bois. Ils l'aiment comme une femme. Comme Quentin avec cette chose, sa guitare, SON véritable amour. Avant moi et sa mère.
Alex s'allonge de tout son corps dans l'étendue verdoyante. L'herbe fait comme une auréole autour de sa tête. Le soleil plisse ses yeux bleus-verts comme le Rhin qui coule tranquillement derrière nous. Le soleil chauffe mes épaules dénudés. Alex me gratouille le bas du dos d'un geste purement amicale. Il ne sent rend pas compte que ce geste me décommode le coeur. Que ça me couvre de regret. Que maintenant c'est impossible.
C'est bientôt la fin de l'été.
Il est pris, ses neurones ne sont plus abrutis par le shit.
Il est bien maintenant.
Moi je suis seule, mais bien aussi. Finalement.
Bientôt...la rentrée.
Aujourd'hui une boule occupe la majeur partie de mon bas ventre ( dans ce bas monde, oh yeah ).
Ai cherché mes livres ce matin ( enfin tout est relatif, à 11heures, c'est encore le matin? ah oui)
Je n'ai aperçue que quelques gens PLUTÔT négligeables.
A part une nouvelle, à l'air doux et sympatique.

C'est bientôt la fin de l'été...