C'est drôle de dire des pâtes fraiches. C'est drôle parce que finalement les pâtes, c'est plutôt sec.
J'étais fière toute cette semaine parce que l'ongle de mon pouce droit était assez long et puis d'un coups, plus d'ongle, juste un morceau de peau à vif. Mon premier jour de vacances a été un peu trop tranquil. J'ai lu Caligula de Camus, en relisant chaque tirade du tyran. Caligula est fascinant et tellement cruel. J'en reste encore bouche bée. Il doit être fantastique à jouer mais sûrement très dur. Cette ironie presque chaleureuse et sa recherche du bonheur meurtrier, voilà qui est intéressant. Prochain livre : Le Malentendu, encore et toujours de Camus. J'ai acheté Voyage au bout de la nuit, un receuil de nouvelles et romans de Boris Vian, Aurélien d'Aragon et Le Premier Homme de Camus. J'ai envie de me noyer sous la littérature d'après guerres tout en écoutant du Blur et en profitant du soleil.
J'ai envie de prendre des douches fraiches durant deux heures tout en écoutant fip. J'ai envie de me réveiller le sourire aux lèvres et d'aller me poser devant la télévision pour voir Bob L'éponge. J'ai envie (ou besoin?) d'être simple, de ne plus me compliquer la vie car après-tout, elle est déjà assez complexe comme ça. J'ai envie de rencontrer des gens nouveaux. J'ai envie de devenir androgyne. J'ai envie d'être bien.

Il parait que nous, pauvres personnes trop réelles, ne pouvons pas nous comparer aux héros de roman. Il parait qu'ils vivent des situations très périlleuses qui leur font prendre des résolutions extrêmes. Il parait qu'ils ont un langage choisi, précis, exhaustif tandis que le nôtre est affreusement spontané. Affreusement. Malheureusement, ils n'arrivent pas à la cheville des héros tragiques car eux ne connaissent pas les soucis matériels, enfin j'veux dire, les emmerdes quotidiennes. Il parait qu'il serait très ridicule pour un lecteur de s'identifier à un héros tragique car contrairement à lui, le héros vit dans un univers majestueux, riche et édulcoré. Par conséquent, sa seule montée d'adrénalyne est sa mort certaine.
Parce que comme dit Anouilh, la tragédie c'est reposant. On sait tout de suite ce qu'il en est. On sait que de toute manière, notre petite Phèdre, notre petite Antigone là, elle va crever. Souvent elle se suicide. Souvent elle fait tout pour mourir. Souvent.
N'empêche que la fatalité c'est vraiment de la merde et qu'on ne demeure pas moins chanceux avec notre routine ordinaire.
Sans oublier que nous n'avons pas les dieux aux culs. Oui, c'est vrai qu'on pensait les avoir il y a encore pas longtemps. Y'en a même qui le pensent encore. Mais bon, les forces spirituelles ne tuent pas nos enfants, non, elles nous conseillent plutôt de faire la guerre. Mais c'est une autre histoire.

La petite brise qui passe par le vélux entr'ouvert me fait vaguement penser à tous ces étés passés à écrire dans le noir. Alors forcément, les mots s'entr'choquaient. Et puis je sirotais souvent un verre de jus de framboise rempli de glaçons. Et il était souvent plus de minuit. Et c'était une solitude si paisible. Et quand on sera grand on aura plein de bébés aux yeux bleus. Je crois.