Ouf. J'ai enfin bouclé mon exposé sur Premier amour, de Tourgueniev (d'ailleurs je ne sais toujours pas comment prononcé son nom).

Après toutes ces heures de dur labeur mon frère m'a proposée une cigarette (en chocolat). J'ai eu une révélation : ça a un goût de papier mâché!
Je lui crié qu'il était un traitre, elles sont vieilles d'avant qu'il fume des vrais et cela remonte à au moins sept ans.

Par contre, je ne sais pas depuis combien de temps je connais Alex. Avant les grandes vacances? Avant l'hiver 2005? Aucune idée. Bon je sais, ça n'a pas de rapport avec les vieilles clopes marrons de mon frère mais je me demande comment j'ai fait pour autant rêver sans connaitre ses yeux bleus. On s'est rencontré dans le supermarché d'à côté, il était complétement défoncé et j'ai été totalement soufflée par sa classe.
A cette époque là il n'avait pas encore échangé ses dreads contre les cheveux tout court. Il était un peu dépressif.
Je crois que j'ai assisté à la plus belle métamorphose de petite ma vie. Du garçon pas net et anarchiste, il est devenu lui-même... indéfinissable.
Et ce garçon indéfinissable m'a encore fait me gondoler samedi. Jusqu'à en rêver de la nuit de Dimanche à Lundi. Il y avait le chanteur Raphaël aussi. D'ailleurs je n'ai pas compris ce qu'il faisait là.
"Ce que j'fais là, moi, je sais pas", lui-même ne le sait pas non plus.

Je ne suis plus aussi époustouflée par Alex. Je crois que je commence à comprendre que c'est un être humain, comme tout le monde.
Il fallait bien que mon rêve se brise un jour. Enfin, il ne l'est pas tout à fait sinon cela voudrait dire que je suis devenue complétement blasée.
Aaaah, laissez-moi conserver un peu de mon innocence, de ma niaiserie, de mon imagination à l'eau de rose. Juste un peu.
Je supporterais pas qu'on me coupe d'un coups de ma réalité à moi.
Ma réalité à moi. C'est presque un pléonasme.

J'ai revu Chris, un copain d'Alex. Il a 18 ans, fait des études de sociologie (la fac des déprimés, d'après ma chère soeur) et parle très doucement.
J'ai dû tendre l'oreille la moitié du temps. Mais je suis déterminée et j'ai réussi à tenir une vraie conversation avec lui. Parce que ce qu'il dit est loin d'être stupide et sa voix douce est tendre à l'oreille. Tendre à l'oreille... tendre l'oreille.

Je préfère la voix d'Alex, tout de même, on ne descend pas un Zeus de son pied d'estale.
Mais à qui le dis-je ?
A qui le dis-tu ?
Je est un autre. Cette phrase reste dans les annales de mon cerveau.
Malgré les troubles, les guerres, les déceptions on ne descend pas une meilleure amie de son pied d'estale. Même après un problème intestinale dû à une trop grosse ingurgitation de Nutella. A la cuillère, siouplait.