J'vous raconte pas ( bien sûr que si j'vous raconte ), le sang qui court dans les veines, les rires abusifs qui nous secouent à chaque secousse du bus, le parfum d'alex, les yeux chatoyants de Luc et puis les sourires, les sourires qui fondent dans nos coeurs.



Dans le cinéma, ça continue, on croque chaque seconde de la vie à pleine dent, on est des enragés du grand écran, on se sent bien comme dans un état second.
Mais qu'est-ce qui a déclenché cette véritable euphorie ?
Surment la présence de cet être fascinant juste à côté de moi, nos genoux qui n'osent qu'à moitié se toucher lorsqu'on est assis sur nos sièges moelleux dans l'obscurité de la salle.
Le mariage funeste commence, mon cerveau est endoroli par la magie de Tim Burton, les lumières mystérieuses qu'il utilise pour mon plus grand plaisir.
Après la délectation gourmande causée par " Charlie et la chocolaterie " me voici encore agréablement surprise par les idées poétiques de Burton.
Le film se termine sur une merveilleuse envolée de papillons vers la lune. Un message plein d'espoir. Après le film, nous avons repris le bus et nous sommes allés chez...Luc.
Un petit appart au centre ville, où il vit avec son frère et sa mère. L'appartement est très acceuillant, assez design, mais chaleureux.
Sa chambre est au bout du couloir peint en gris-bleuté.
Alex est entré le premier, suivit d'un " Je t'en prie " de Luc pour me faire entrer.
Sa chambre est vaste, des coussins un peu partout, du parquet clair, une grande fenêtre ouverte sur la rue - " ca met de l'animation jusqu'à mon bureau " m'a-t-il dit - , ses murs sont blanc à part le bleu nuit contre lequel dort son lit, ses meubles sont modernes, en acier métallique.
Luc s'est posé sur un coussin par-terre et a commencé à jouer un peu de violon. Ses doigts semblaient glisser sur les cordes, il était tout à fait à l'aise avec son instrument. Comme mon Quentin ; sauf que lui, il est bien vivant, il respire, il fait danser ses mains juste là devant mes yeux.
Luc a joué " J't'emmène au vent " puis le solo d' "arrache-moi " et un morceau de musique classique, magnifique, passionnel.
Enfin il joua plus calmement, un morceau composé par lui-même. Un morceau plein de douceur, élégant.
Une mélodie qui m'enivre encore, une heure et demi après.

L'atmosphère de la pièce était enfumée ( par la cigarette que grillait Alex ) et étrangement enjoleuse lorsqu'il me demanda :
" Parait que tu joues de la guitare ? "
Alex approuva à ma place, me tendant une guitare qui sortait de je ne sais où.
Naturellement je l'ai prise, accordée du mieux que j'ai pu en disant " j'suis pas douée pour accorder " ce qui a fait sourire les garçons et j'ai joué Elisa de Gainsbourg, puis Stairway Heaven de Led Zepplin, Polly de Nirvana et une compo à moi.
" Tu joues bien... ".
C'était sorti de sa bouche comme un cadeau. Alex somnolait maintenant. Pourtant il n'était pas tard et Luc en paru étonné.
" Ca lui arrive souvent ? "
" Plutôt, oui... surtout depuis qu'il a appris que Nadine l'avait trompé ( mais qu'est-ce que j'raconte moi... ) "
" ah...je comprends ".
Luc, comprendre l'amour ? Lui qui ne savait même pas pourquoi il avait quitté sa petite amie, il comprenait ce sentiment si complexe ?
Il reprit, pensif :
" dis-moi, tu as un petit ami en ce moment ? "
" moi...? ( non, non, la voisine de palier ) Heu, non non je heu, non. "
" t'es pourtant si intéressante "
Je fus troublée, étonnée. Un autre m'aurais dit vulgairement " pourtant t'es bonne " ou autre, mais lui avait trouvé la réponse qui fallait. Une belle réponse, flatteuse qui entraina une rougeur aigue sur mes joues de nature blanche. Comme d'habitude...
Alex se réveilla brusquement, alors que nous parlions depuis trente bonnes minutes.
" Meeeeerde, si on rentre pas, tes parents me feront plus jamais confiance ".
Il se moquait gentiment de moi et je lui rendit la pareil en faisant comme si j'étais offusquée. Comme si.
" hé ho, c'est bon, hein, j'suis mageure et vaccinée, ah non, bref roooh "
Je partis de chez Luc, le coeur mouvementé, sans me demander si il me plaisait ou non, car pour moi c'était clair " il me plait pas mais .... "
Il est beau, intéressant, gentil, semble un peu s'intéresser à moi et pourtant non non non.
Je suis tellement contradictoire. Trop même.

Belle après-midi, belle soirée, beau film, belle discussion.
Bon début de vacance.