Words disappear, words weren't so clear, only echoes passing through night.
©Ninoutita
Et puis je suis sortie de l'appartement, je suis allée jusqu'à un autre appartement ; ce n'était toujours pas le mien. Dans le deuxième j'ai remplacé une paire de chaussures par une chaussure. Je suis encore sortie, la grisaille matinale me donnait envie de rire. C'est absurde cet air d'automne que la ville prend à sept heures du matin. Les Strasbourgeois partaient travailler tandis que j'allais me coucher. Je boitais avec ma seule chaussure, l'autre tanguait dans mon sac. Je voulais rire mais mon visage refusait de décrisper ses traits. Alors je suis restée à attendre un bus qui n'est jamais venu, l'expression lourde, les yeux dans le vide, les yeux qui regardaient à l'intérieur, les yeux qui repassent toujours le même film, expliquez-moi parce que là, je ne sais que croire, je ne fais que croire.
J'ai été tenue éveillée, dans le premier appartement, de minuit à sept heures du matin. J'ai mangé une poire belle hélène sans glace parce que "JE N'AIME PAS LA GLACE", et encore moins la glace à la vanille qui vire au jaune sale. Il était presque six heures et l'autre était allé se coucher. J'aurais bien voulu m'allonger à ses côtés, oublier que j'aime en laissant traîner mes doigts dans les siens, en sentant sa main se balader sur mes hanches. Comme quelques minutes avant, comme lorsqu'il m'effleurait sans que l'autre ne s'en doute. Plus tard, l'autre a compris que des esquisses de caresses s'étaient échangées, il l'a plutôt mal pris et je me suis sentie conne. Conne parce que j'ai ressenti beaucoup de culpabilité alors que je n'avais pas franchement quelque chose à me reprocher. Les deux garçons auraient pu se sentir coupables, mais ils n'avaient pas l'air d'y penser. L'un était énervé, se sentait trahi alors qu'il n'y avait pas de raison à cela, tandis que l'autre, et bien l'autre... je n'en sais rien, il m'a lâché la main en souriant sans que sa bouche ne s'étire, le regard rêveur. On était tous les deux anesthésiés par le sommeil, dans un cocon en drap, à se regarder, à se sourire pendant que l'autre parlait et parlait...
Le brouillard, les lampadaires sur le point de mourir, le cri du tram ont tenté de me réveiller. Mais j'étais trop plongée dans divers pensées et souvenirs pour être sensible à leurs présences.
Ce soir, je m'interroge sur les relations que nous entretenons les uns avec les autres. Sur tous les mensonges qu'on saupoudre sur nos visages et sur tous les sentiments contradictoires qui nous nouent la gorge et nous donne mal au ventre. Le même genre de mal au ventre que celui qui ne m'a toujours pas lâché les tripes.
Ecrit par ninoutita, le Mercredi 16 Septembre 2009, 00:34 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Re:
Ah mais je ne vois pas du tout les choses en noir, c'est juste que les relations humaines m'étonnent par leur faux-semblants, par tout ce qu'on veut taire mais qui finit toujours par paraitre, quoiqu'on fasse...
Le corps humain, la gestuelle, le regard, ça trahit beaucoup le fond de nous même, finalement, plus que les mots trop bien choisis.
Jésus
18-09-09
à 22:55
Re:
Mais les miracles ne durent pas...
Nini, je voulais juste te dire que je te trouve très belle sur cette photo. Et moi non plus je n'aime pas la glace à la vanille.
LiliLou
Ne vois pas tout trop en noir.
Smile.