Hé moi-même ! Tu t'en vas toujours au mauvais moment. Tes pieds glissent sur le macadam bleu pendant que le soleil fait cramer les têtards dans leur étang. A la fin tu les manges, ils grésillent sous tes dents et finalement, tu n'es pas repu.
Hey you ! Tu sors le dimanche en claquant la porte, tes sandalettes tenues au bout des doigts, les pieds nus trempant dans l'aurore du jour. Surveille tes arrières, un gros arlequin pourrait bien te manger tout cru.
Ho me ! Tu rentres en quatimini par la fenêtre entr'ouverte. Tu sursautes à chaque craquement du parquet et va jusqu'au robinet de la salle de bain pour rafraichir ton corps en sueur. La fête ne t'as pas réussi et tu finis les larmes au bord des yeux, la tête presque dans la cuvette, endormi jusqu'à la fin du jour prochain.
Hé toi, là-bas ! Tu cours et, d'un coups, tournes à droite. Tu tombes, te relèves, retombes et tes genoux saignent. Une légère éraflure sur le coude te donne l'impression d'être trop vulnérable et tu rampes pour te cacher derrière les poubelles puantes à cause de la canicule. Peu après tu les entends crier qu'ils ne savent pas où tu es. Tu soupires de soulagement et cela va chatouiller l'oreille d'un ennemi. Tu es cuit, mon petit.
Ha toi, enfin ! Tes sourires sont figés mais ils rassurent tellement tes proches. La grande plaie sur tes bras fins ne les inquiètent pas, vu que tu es là, leur offrant ta bouche pleine de jolies dents, pleine de faux espoirs. Dans ton ventre grouille l'envie d'en finir avec toi-même et c'est au petit matin qu'on t'as retrouvé souriant, les lèvres entr'ouvertes laissant aperçevoir tes dents baignantes dans ton sang, couleur joie.

" Faut pas se laisser gagner par l'euphorie de croire qu'on est un homme important ".