J'ai un peu perdu l'habitude. Perdu la main. J'ai cette peur, presque constante, de décevoir. De vous décevoir. Sur MSN, toujours la même question: "Alors, ces vacances?". Question vague. Comme l'intéret qu'ils portent à entendre la réponse.
Ces vacances? Un méli-mélo de superbes tableaux, d'yeux verts et bleus, de gelati citron/noisette, de Suzanne, d'animateurs un peu cons, de terre rocailleuse, d'ordures odorantes, de mer envahie par le ronronement des bateaux de luxe ou pas, de Thibaud, de bière, de pasta, de regards échangés, de Léo Ferré, de ruines, de cyprès, de lits déglingués. Et puis cette envie d'écrire, elle aussi presque constante, sans y arriver. Des feuilles et des feuilles de raturer.
Par où commencer? Je n'ai pas l'esprit logiques ( j'aimheuuuuuu pas les mathématiquuuhheuu).
Par où? J'y viens.
Peut-être par cette campagne rocailleuse, grise et verte, calme mais dur. La Toscane. Cette campagne austère, qui quand vous parlez trop fort, semble vous dire " chut! " rien qu'avec le bruissement des feuilles de vignes. Et par le soleil qui vous cuit comme il aide à faire pousser les oliviers.
Par où continuer? Par où?
Par cette petite maison en plein dans les vignes. Par ces fourmis volantes qui emmerdent le monde. Par ce lit d'appoint. Le bruit de ce lit. Celui d'une porte qui grince sans se presser.
Et puis cette ville. Florence. Bondée de monde. Des contre façons partout. Des petites immigrées asiatiques qui vous harcèlent " Touti les foulardis pour oune euro! ". Vous qui les repousser d'un geste machinal de la tête. D'un alunaire levé, disant " non " d'un geste de va et vient. Votre bouche qui semble former le mot " merci ".
Le Palais Piti. Meublé dans le style Louis XIV. Surchargé, surdoré, surpoussièreux. Mais renfermant l'une des plus belles choses que j'ai vu.
Des madonnes au visage calme, serein, plein de tendresse. Les madonnes de Rafaël. Mon cerveau ne cesser d'analyser chaque partie de leur visage délicat, de leur corps en rondeur, de leurs vêtements soyeux, leurs bijoux majestieux. J'avais l'impression de ne faire qu'un avec la toile en face de moi. Quelques fois, mes yeux, ( I'M MAD ) percevaient un mouvement, à peine perceptible, d'un bras potelé, d'une main baguée, d'une paupière discrète. Mes yeux ne se décollaient du tableau que pour aller en visiter un autre. J'étais en plein état secondaire. Dans un cercle infernal. Infernalement agréable.
Avant cette osmose culturelle, il y a le midi. Le Pierre et Vacances et son club d'ados. Ses animateurs faussements enjoués. Il y a Simon le skateur enfumé par sa clope. Il y a Kalinka la Strasbourgeoise de pleine lune. Il y a Mathieu le poilant. Il y a Yves le suisse allemand criant des "oh yaaaaaaaa" en veux tu en voilà. Il y a Thibaud l'indescriptible. Le mature, le gamin. L'amoureux, l'ami. Les quelques baisers qu'on a échangé me pèsent un peu. C'était dans l'ivresse du moment. Nos esprits étaient tâchés par la bière. Il y a Suzanne. L'atmosphère sucrée qui flotte au-dessus d'elle. L'histoire est trop personnel pour que j'en parle ouvertement.
Une semaine et quatres jours après le midi: Rome. De la peinture, encore et toujours boulversante. Le Caravage et ses visages crispés, violents, masculins. Rome et ses stars de télé inconnus des français comme mon père, ma mère et moi. Cette Rome Antique et l'humour ( un peu douteux hein! ) de mon vatti. " La Rome Antique? LA ROMANTIQUUUUEEE! " mwhahaha.
Rome et son Hotel AVEC ( attention attention ) son AIR CONDITIONÉ. Rome et son serveur marocain au sourir ravageur ( d'après elle, (moutti) ). Rome et son Vatican a l'air comprimé.
Après Rome, la côte amalfitaine. Ses péteux. Ses pétasses. Ses yatchs. Ses voiliers. La Méditerranée toujours aussi peu attirante. ( Merdu, je raconte n'importe quoi vu que c'est même pas la mer Méditerranée mais la mer Thyrénienne ). Les chaises longues en plastique qui vous (ME!!!) fracasse le coxice. Non loin de là: Naples. Quelques ordures, quelques facades rongées, quelques musées vides, quelques pizzérias dégeux. Oh yeah, what is the problem?
Entre ces régions, ces villes, les trajets. Léo Ferré qui chante Aragon. Et ce poème si vrai, mon préféré.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faÏence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Commentaires :
Re:
Merci Rapfaëlle. Comme à chaque fois que je lis tes commentaires.
J'ai aussi confiance en toi.
Les lettres vont arrivées ^^. Leur rature aussi :)
J'y ai mis du mien et je pense n'avoir pas non plus saisi si en définitive t'as aimé tes vacances ou pas...
Oui, en effet, je reconnais plus ton style dans cette article que dans celui juste avt!!!lol...
Ah ouai t'as fait toute l'Italie....c'est qd même la classe...enfin les villes les plus interessantes...Florence, Rome, Naples....le tryptique magique...Je ne connais que les 2 premieres....mais déja...je suis fan!!!!
Pour l'hotel AVEC la clim...comme tu dis...je suis d'acc avec toi...il n'y a rien de plus normal...il faisait trop chaud..la bas...plus de 40° tous les jours...horribles...les pieds brulaient..bref...bien que la ville est sympa...on est qd meme content de rentrer a l'hotel....!!!!
Enfin pour la blague sur la Rome Antique...mdrrr....à cet heure j'ai pas calculé....prtant...elle est bonne!!!
Bisousss.
Julien
Re:
Rome ce fut le coup de foudre du voyage. J'espère y retourner!
Naple...très bof...très très même.
Hé oui! !Ca ne se néglge pas une chambre gelée! ;)
Re: Re:
Ah oui florence et naples pas terribles???enfin Naples car Florence c'est tres "Renaissance"...on n'aime pas forcement....
Et Rome....on est completement d'accord....Moi aussi j'ai fait la gloire de Rome ds un article...Si tu as mis une piece ds la Fontaine de trevi...ton retour la bas est proche!!!lol
Bisous...
Re: Re: Re:
Hihaaa
J'étais tentée de faire la meme chose, mais y avait des japonaises qui me poussaient vers la rue.
dommage :(
niaaark
rafaelle-
Y' a comme un parfum de "white musk" (je sais toujours pas si c'est bien ça que j'ai senti ! en tout cas ça sentait très bon........ :-)
Il y a plein de secrets, de confidences....
Cette écriture si attachante et passionée...
J'ai envie de te lire encore encore encore !
Et même si tout est raturé !
Écris-moi !
Je ne jugerai rien, je lirai, j'apprécierai.
J'ai confiance en toi.
:-)