© Ninoutita

J'ai échoué. Je suis amoureuse de la liberté et j'ai beau m'en détacher, elle revient toujours en courant. Elle m'étreint et ne me lâche plus jusqu'à ce que mon coeur soit à nouveau tenté. Mais toujours elle revient, toujours, c'est un cercle vicieux. Je suis une instable sentimentalement, je n'y crois pas assez, je me lasse très rapidement. En fait, je ne suis pas assez mûre pour être à deux. J'aime être seule ou à plusieurs, mais deux, non, cela ne me convient pas. Ma situation me fait penser à une de mes photographies d'y il y a longtemps "à deux, c'est pas toujours mieux", à croire que même avant Romain, je savais que la notion de couple était faussée chez moi. Mais je me dis que ce n'est pas grave, que je n'ai que seize ans. Je me dis aussi que je sais ce que je veux et que c'est ça que je voulais. Valait mieux que ç'arrive après deux semaines plutôt qu'après deux mois. Deux mois ou plus, je n'en sais rien, du temps passé à faire souffrir l'autre parce qu'on n'est finalement pas comme il le voudrait.
Un soir de cet été, alors que nous étions posés dans le champs d'à côté, Alex m'avait dit que ce qui était effrayant chez moi, c'était mon désir d'indépendance. Je m'étais gondolée doucement, en le regardant bien dans les yeux juste pour qu'il se rende compte que ce n'était pas un rire de moquerie mais un rire d'angoisse ou de peur. J'aurais pu ne pas réagir comme cela mais je ne voyais pas d'issue. J'aurais voulu lui dire que non, je n'étais pas si indépendante. Je ne l'ai pas fait pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait rien à répondre puisque c'était vrai.

J'ai pris la bonne résolution d'aller une fois par semaine nager, comme il y a quatre ans je crois, quand j'avais des problèmes de dos et que je ne jurais que par Nirvana. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de partir loin en Amérique du Sud, j'ai envie de rester à Strasbourg, laisser mes pieds me promener dans les petites rues, m'arrêter à un café pour prendre un thé, repartir, regarder les gens sans les voir, porter des gants bien chauds et rentrer chez moi pour me blottir sous la couette avec un beaux arts sur le nouveau réalisme.