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That was so lovely, woke up to honey love...
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©Ninoutita



Choisir entre la raison et le coeur, il faudrait être fou pour élire ainsi une ligne de conduite.
Vendredi dernier, j'étais assise sur un banc, les mains congelées qui tenaient mon livre, les rares rayons de soleil se mourraient. Il était cinq heures.
Quelque fois je levais les yeux de mon livre lorsque je trouvais sympathique l'allure d'un pas. Puis je me faisais la réflexion que le bruit d'une marche n'est pas quelque chose de fiable, et que la personne peut être très exécrable et marcher d'un pas tout à fait guilleret. Alors mes yeux retournaient à leurs mots, c'est un livre que j'ai dévoré et qui m'a dévoré, ça se passe dans les années 69, drogue, hippies, junkies, Katmandou, cercle vicieux. Ce qui signifie quelques nuits blanches pour moi.
Une demi-heure plus tard j'étais devant la boutique du photographe, les doigts congelés et bleuis par le froid, plusieurs pages ingurgitées et un nœud qui me tordait l'estomac, quoique je n'ai jamais été douée en anatomie.
La dame au comptoir m'a tendu les photographies, en me demandant si je voulais les voir maintenant. Mais je préférais les regarder tranquillement et surtout, surtout les regarder seule.
Le trajet de retour a été long, je savais que mon sac contenait un bout de mon été, un peu d'amour et d'Arno sur papier glacé. J'étais excitée à l'idée de me replonger dans l'atmosphère Florentine le temps d'un regard. Le bus a tardé cette fin d'après-midi là. La nuit était tombée depuis longtemps, ça ne sentait même pas l'hiver parce que le froid mortifiait tout, de l'odeur des feux de cheminées jusqu'aux troncs argentés des arbres. J'avais froid, et puis j'étais exténuée, comme toutes les fins de semaine.
Enfin, j'étais chez moi. C'était un peu la foire, mes parents étaient en retard pour aller je ne sais où, mes soeurs discutaient dans la cuisine enfumée, le téléphone sonnait et bien-sûr personne ne répondait, les chiennes aboyaient. Le calme. Je recherchais le calme. Finalement, je n'étais pas si mal sur mon banc, malgré les mains glacées.
Et puis enfin, tout le monde est parti. La fumée stagnait encore dans la cuisine, j'ai ouvert grand la fenêtre, un courant d'air du genre -10° m'a revigoré brutalement. J'ai allumé une cigarette, oubliant que j'allais aggraver l'atmosphère de brouillard tabagique déjà existante, et je me suis enfin décidée à regarder les photos.
Je n'ai eu à peu près qu'une seule pensée : je veux y retourner immédiatement. Fuir le froid, fuir le lycée, fuir Strasbourg, fuir mon lit. Me balader dans Florence avec Vasili mon prof de photo, et le photographier entrain de faire le con avec ses lunettes de soleil dans un café, baragouiner en italien-français-anglais-espagnol avec lui, avec Kiss, avec le vieux monsieur qui m'a offert un cigare le dernier matin, avec le glacier de la rive gauche...
Et les minutes passaient, et la cigarette se consumait entre mes doigts réchauffés à présent, et par la fenêtre s'engouffrait le froid. Je ne réagissais plus, quelques photographies me décevaient mais je me suis rassurée en me disant que c'étaient mes débuts avec l'argentique. Que je m'améliorerai, qu'il fallait que je prenne des photos, plein de photos, que je l'apporte partout. D'un coups ma joue m'a brulée, je venais de recevoir une monumentale gifle de motivation. Puis j'ai fini par fermer la fenêtre, à écouter Sorry Angel assise par terre au milieu de la cuisine. Plus tard, je me suis rendue compte que durant toute la durée de la chanson je n'avais pensé à rien.
C'est tellement rarissime chez moi, ne songer à rien, ne pas rêver, ne pas fantasmer, rien, l'esprit vierge de tout visage, contrariété, joie.

Mais cet état n'a été que très éphémère. Tout est revenu, intact. Le même méli-mélo de pensées brouillonnes.

Hier soir, je suis sortie pour la première fois depuis une éternité. Enfin, j'exagère. Ladybird fêtait ses 22 ans. J'ai parlé italien avec un allemand, parlé d'Amanda Lear avec un Martiniquais, fumé des cigarettes marocaines en buvant du cidre breton, embrassé un allemand qui portait le masque de la statuette des Oscar.
Et je suis finalement rentrée à pied, plus d'une heure et quart de marche dans le désert urbain.
Il était cinq heures.







Ecrit par ninoutita, le Samedi 17 Janvier 2009, 19:20 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

missdiamond
missdiamond
17-01-09 à 21:01

Multiculturel! :)

 
ninoutita
ninoutita
17-01-09 à 21:21

Re:

Oui !
Le vrai melting-pot.