Th
© Ninoutita
J'ai murmuré Prométhée dans la nuit, mon chuchotement brusquait un peu le silence de ma chambre. J'ai lu trop d'Aragon, j'ai trop rêvé, mon esprit est finalement de plus en plus encombré. Moi qui me croyais vide, je vis puissamment, ça me rend malade tout ce gris jeté dans le ciel comme par hasard, où s'est caché le printemps ? Mais voilà, dans deux semaines peut-être que le soleil sera au rendez-vous, moi en tout cas je ne raterai pas le train, j'arriverai sur le quai avec ou sans soleil qu'importe, ce sera bien, ce sera Paris, ce sera ma meilleure amie. J'avais envie de mettre un "e" muet à quai, semblable à celui de Prométhée et son croisement perpetuel, chemin de croix, th sourd-muet, réminiscence d'un visage aperçu en fermant mes yeux sous la douche, je n'y comprends rien. Cette figure apparue par mégarde et magie, assez drôle et très fine... masculine. Maintenant c'est l'après-midi (cieux toujours aussi gris) et j'écrase de l'index droit mes paupières dans l'espoir de le voir réapparaître. Ce matin, quand l'eau me rinçait le trop plein de shampoing, il était là une demi-seconde et quand j'ai revu le carrelage bleu de la salle de bain, j'ai eu un sourire en coin, à motié agréablement surpris, à moitié déçu de sa disparition trop rapide.
Il pleut de nouveau, et j'écoute une musique à clapotis, drôle de moment, je n'arrive même pas à savoir si j'ai faim. Pourtant il est l'heure d'aller goûter, ou je ne sais pas moi, piquer un somme. Drôle d'expression, d'ailleurs. Je me demande d'où elle vient et quand j'en aurais fini avec mes questions à la con peut-être bien que la nuit sera déjà tombée. Alors je n'aurais plus qu'à enfiler un t-shirt un peu plus correcte que celui difforme à l'arc-en-ciel, me maquiller un brin et sortir boire du rosé et fumer.
J'ai envie d'allumer un cierge à la cathédrale, voir comment cela fait quand c'est avec envie. Parce que ma grand-mère me forçait, plus jeune, à les consummer. Je trouvais cela idiot, mais bon allez hop pourquoi pas, je fous le cierge sur son machin en fer forgé, je ne prie pas, je ne prie qu'en présence d'un poster qui était affiché dans ma chambre et que je lorgnais chaque soir avant de dormir, chuchotant une prière païenne égoïste et enfantine. Inutile.
Maintenant je susurre de la poésie surréaliste à trois heures du matin alors que j'ai prévu de me lever à huit. Et les cernes s'étalent presqu'autant qu'en période de cours.
Ca me fait penser à toutes les rentrées depuis le début de ma scolarité : "Alors vous avez passé de bonnes vacances ? Vous vous êtes bien reposé ?" ensuite cette phrase a eu sa variante anglaise, puis espagnole et enfin italienne. Mais toujours le même oeil vitreux, le corps fatigué et tout l'organisme habitué à un autre rythme de vie, hors du temps, qui reste muet devant l'adulte dont le but n'est sans doute pas de savoir si vos vacances on été bonnes ou pas. C'est comme les "Ca va ?" lancés par habitude, ils nous usent à force et tout le monde finit par s'en contre-foutre du moral de l'autre.
A part ça j'aime bien les autres, la misanthropie n'est qu'une apparence et j'espère qu'elle n'est pas héréditaire, avec son th à la Prométhée.
Ecrit par ninoutita, le Mardi 15 Avril 2008, 18:34 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Je ne sais pas si c'est parce que ça fait deux semaines ou bien si ce n'est pas une impression, mais j'ai l'impression que ton écriture a beaucoupé évolué d'un coup.
Tes mots se succèdent tellement vite et bien, tu es magique.
Merci pour tout mon ninou
Tes mots se succèdent tellement vite et bien, tu es magique.
Merci pour tout mon ninou
J'aurais aimé lire Aragon quand j'étais en Seconde. Penser lire Aragon.
Et puis cette fonction phatique du ça va m'emmerde aussi. C' est d'ailleurs pour ça que je ne dis jamais: "slt, ça va?". Je demande à quelqu'un s'il va bien uniquement quand je veux vraiment savoir s'il va bien.
Comment vas-tu?
Re:
Bon peut-être que ça ne change rien à tes yeux mais je ne suis pas en seconde mais en première.
Et oui ça va bien ces temps-ci, malgré le printemps qui tarde à arriver.
Et toi ?
Et oui ça va bien ces temps-ci, malgré le printemps qui tarde à arriver.
Et toi ?
Re:
En effet, ça ne change pas grand chose. Quoique si. En première, je commence la poésie du XXème.
Je vais, plutôt bien. Stressée à cause des examens, mais disons que j'essaie de garder la tête hors de l'eau.
Elle est belle.