Sirop guimauve, thé vert et bonbon violette.
© Ninoutita
Je vous dis qu'il a une fossette qui sourit, du haut de sa scène qui n'en est pas une, du haut de sa scène qui n'est qu'un fond de salle complétée par du parquet pas verni et un éclairage bleu qui rend fluorescent ma robe blanche à fleurs, et nos dents, rondes ou non.
Je crois que j'aimerai beaucoup vous chantez une histoire qui n'a pas eu lieu. L'histoire d'avril qui compléterait (comme la lumière et les planches de bois) celle du début juillet, sans tente, sans la rumeur d'un festival autour de la toile tendue. Mais je peux à peine entrevoir son début, il ne pourra pas y avoir une suite à cette phrase chuchotée brièvement, trop brièvement, au détour d'un escalier. D'habitude nous murmurions au coin d'une rue, je remarque que l'étau se resserre, sans doute pour mieux m'étrangler. June, tu me parles, je t'en veux, je ne te croise plus, j'oublie, je t'oublie, je t'aperçois à nouveau, c'en est fini, je fantasme de façon fraîche, fignolant les détails d'un foutu futur fantastique. Qui n'aura de toute façon pas lieu.
Alors bien sûr, il y a l'autre personne mais elle met mon esprit dans un désordre inimaginable, indescriptible. June, tu apparais alors comme délivrance, comme si tout pouvait être simple avec toi, j'en ris avec amertume.
Mais sous ces dessous sentimentaux peu triomphants, la vie est agréable à appréhender ces temps-ci : beaucoup de travail, nuits courtes, longues matinées ennuyeuses, verre avec Julien en discutant, dîner avec Adèle en fumant.
Et je fume beaucoup, des cigarettes empruntées, chaque jour quelques bouffées de nicotine en regrettant de ne pas avoir un lycée où l'entrée de la cour est ensoleillée. Le printemps est finalement présent mais la chaleur n'est pas encore palpable. Je veux une brise plutôt que du vent frais et je veux les arbres à nouveau tout à fait habillés : ils commencent à m'horrifier à force d'exhiber leurs corps nus décharnés.
Pourtant souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps je pensais que les arbres étaient plus beaux dépourvus de feuilles et qu'il en était de même pour les hommes et leurs fioritures de tissus. Je soutiens ma deuxième réflexion. Mais pour ce qui est de la nature, ma vision est trop paradoxale : comment peut-elle être belle lorsqu'elle ne représente plus ni la vie ni la germination, qu'elle s'étale dans toute sa nudité, quand plus personne ne pense qu'un de ces jours doucement balayés par un soleil timide, elle va finalement renaitre, aussi verdoyante que le printemps précédent.
Comment. C'est un mot qui revient souvent dans mon vocabulaire depuis la fin des vacances, inexeplicable et jonché de si, schéma récurrent pour elle, doute pour moi.
Ecrit par ninoutita, le Samedi 26 Avril 2008, 17:30 dans la rubrique Journal qui se veut intime .