Parfois, quand les pas craquent sur les branches mortes je sens mon coeur s'opprimé et bien vite je soulève le pied pour les laisser un peu respirer. Une dernière fois avant d'être à nouveau ensevélie sous la neige glacée.
Ce matin le soleil brillait et je buvais un café au lait très sucré pour adoucir ses rayons. Je réchauffais mes mains autour du bol en rêvant très fort aux mélodies que je pourrais inventer si l'envie m'en prenait. Je pensais doucement à Lui. Je travaillais mollement mon espagnol.
Cet après-midi, je suis presque seule dans la maison. Et j'entends mon coeur battre dans chaque coin de mur.
J'entends quelques oiseaux chantés au dehors, comme si ils avaient oublié de migrer vers des pays plus chauds.
J'ai envie de prendre un bain pour mettre de l'ordre dans mes idées. Mais à quoi bon, l'ordre n'a jamais servi à grand chose.
En plus j'ai la flemme de me déshabiller et de faire couler l'eau...brûlante.

Demain est une bonne journée, je le sais. Je l'espère.
Mais suivra une mauvaise semaine malgré qu'elle débouche sur des vacances.
Je pars la première semaine dans le Sud. Un Sud qui me paraîtra complétement vide sans Eux, la chaleur, l'eau chlorée, les cheveux secs, les mains qui s'abandonnent dans celles des autres, les rires qui brisent les premiers silences, les magnums craquants qu'on partage, les cigarettes qu'on consumment, les étoiles-filantes qui dansent au-dessus de nos visages hâlés et cette douce comptine d'été qu'on se rechante de temps à autre, dans sa douche en plein hiver après ces grandes vacances fabuleuses.
Alors finalement je n'ai pas trop envie d'y aller à cette époque de l'année même si ça me fera changer d'air.
Et puis je ne verrais pas mes amis pendant une semaine. Vous me direz, c'est court, mais pour moi c'est long et je me sens à des millions de kilomètres de ma ville.

Deux semaines ça passe vite.


Je crois.