No noise, no burst. Just remember.
© Ninoutita
Hier soir, j'avais prévu une soirée tranquille toute seule chez moi. J'avais prévu de me faire des crêpes et de les manger devant "Sexe, mensonge et vidéo". Pourtant je n'avais pas revêtu de tenue décontractée, pas de t-shirt trop large ni de pantalon sans forme. J'étais restée dans ma jupe préférée achetée à une friperie du Marais, je ne m'étais pas démaquillée. Qu'est-ce que j'attendais ? Un coups de téléphone ?
Il est arrivé, vers vingt-deux heures. Avant la fin du film, avant que j'aille me coucher, un peu désespérée, un peu pathétique aussi. Je m'étais bourrée de crêpes au miel, au chorizzo, au sucre, au nutella, à la confiture de banane. Je m'étais persuadée que j'adorais le samedi soir à la maison. Et le téléphone sonne, de plus en plus fort, je me jette dessus, stupide.
Allô. Luc. Tu veux passer ? D'accord. A tout de suite.
J'éteins la télé, je regarderai la suite plus tard. Je vais à la cuisine mettre de l'eau à boullir puis change d'avis, descends dans la cave pour chercher de la bière, remonte mettre l'alcool au frais et finalement repose la bouilloire sur la plaque. Mes gestes sont précipités, je manque de casser un verre.
Une demi-heure plus tard, Luc arrive, bronzé, arborant un beau sourire, les mains prises par une assiette pleine de crêpes. Je pâlis à la vue des crêpes tout en me gondolant, "j'en ai déjà mangé beaucoup !". Il me répond que oui, mais pas avec lui. Et j'ai encore faim et ce n'est pas raisonnable. Et qu'importe !
On les mange tout en buvant de la bière, à la fin, il se roule une cigarette. Ses mains sont habiles, sont agiles et me font automatiquement penser à cet autre lui, son violon.
Je lui confie que j'aurais voulu qu'il l'apporte, qu'il me joue des morceaux tziganes, je lui dis que j'aurais voulu danser, je lui dis tellement de choses.
Mes envies défilent sous la fumée de sa cigarette maintenant roulée, mes envies prennent forme et se désintègrent vivement, pas le temps de les entendre réellement que ma bouche en forme une autre, elles s'entr'choquent et se bousculent, rêvent de rester mais s'envolent bien loin. Je déverse un flot de parole et il me regarde en souriant. J'ai envie de l'embrasser. Non, j'ai envie d'en embrasser un autre. Je sais fond de moi que son appel m'a un peu déçue parce que je voulais en recevoir un autre. Je le sais.
"Tu as un piano ?"
Je sursaute, surprise dans des pensées délicates à exprimer.
"oui"
Il joue, une heure puis deux et je danse. Une atmosphère étrange regne dans la salle éclairée seulement par une lumière rouge. Mes yeux se ferment et je danse, je n'sais plus bien pourquoi. Il joue tous les morceaux qu'il pense dansant, tous les morceaux un tant soit peu rythmé.
Je ne sais plus quels étaient les titres de tout ce qu'il a joué. Je ne m'en souviens plus.
Ensuite il est parti, me plaquant un baiser sonore au coin de la bouche. Il a dû croire que j'étais îvre alors que je ne l'étais pas. Il a dû croire que je dansais pour lui alors que je dansais seulement pour moi. J'ai été prise par une crise d'égoïsme et il doit croire que ce moment a été une cocon de partage.
Une fois la présence de Luc disparue, j'ai tapoté les touches du piano de manière à produire un son à peine audible. J'ai fredonné "Poor Boy", le mascara avait coulé.
J'avais froid d'un coups.
J'ai rincé mon visage à l'eau chaude, j'ai entendu mes parents rentrer et j'ai plongé dans mon lit dans un état bien singulier.
Ecrit par ninoutita, le Samedi 2 Février 2008, 21:12 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Re:
Oui, moi j'arrive pas à être poétique, j'arrive pas à créer une atmosphère... chez moi c'est du brut, trop brut, mais c'est comme ça...
inconsciente