Plus d'une fois les branches m'ont écorchée le bout des genoux mais jamais ça n'avait été aussi violent. Je croquais les pommes à pleine dent, je sentais leur délicieux jus couler le long de ma bouche et là, je m'écrase contre la terre sèche qui pique les yeux. Avant je touchais le soleil de mes doigts longs et fins, je me tenais debout, les deux pieds bien à plat sur la cime de mon arbre de vie. Maintenant le soleil me brûle et des larmes amères se décollent de mes yeux.
Vouloir à tout prix dépasser le marronier ne m'a pas fait du bien, mes écorchures vous le diront.
Je suis devenue la plaie du bac à sable qui ensevélie ses souvenirs sous les grains poussièreux.
La carresse de l'herbe fraiche me fait mal car elle me donne l'impression d'être vivante.
Je regrette mon pommier, son parfum et sa beauté. La splendeur des jours d'été passés à regarder fleurir les pensées. Leur violet étincelant sous l'aube du jour. Les gens venaient de loin me voir grandir. Mais je suis morte, enterrée vivante sur cette terre de polystirène.
Au loin souvent j'entends hurler les sirènes rouges de la mer urbaine. Elles me font à chaque fois ravaler mes larmes puisque je culpabilise de souffrir moins que ceux qui brûlent dans leur maison, leur habituel havre de paix.
Avant je m'amusais à compter les malheurs, jouissant d'une liqueur au doux parfum de bonheur. Je me riais des accidentés et devant mon miroir, qui était les cieux, je les imitais en grimaçant méchamment. Souvent les nuages se métamorphosaient en l'un de mes rictus, et j'étais fière, si fière. L'arrière-goût du pêcher ne me dérangait pas vraiment. Je ne connaissais que moi-même et quelques oiseaux immigrés d'autres horizons. De temps en temps, ils me contaient leur pays, l'histoire de leur peuple et les pluies qui venaient et qui donnaient envie aux gens de chanter.
Je me moquais d'eux lorsque qu'ils parlaient trop.
Mais maintenant c'est moi qui voudrait avoir une histoire. Alors j'imagine que mon arbre va rétrécir et que je vais repouvoir vivre dessus. Que je serai à nouveau la reine du firmament.
Je me ré-invente en deux temps, trois mouvements et me fait dire des phrases adorables. Tout le monde m'aime et je suis sure que je n'ai jamais été effroyable.
Malgré les oiseaux qui ne me donnent pas raison et qui me piquent souvent le crâne.
Hier, dans le sable, j'ai rencontré un crabe. Il avait perdu son chemin et j'ai d'abord entendu ses longs et lourds sanglots. Je lui ai soigné le coeur.
Mon coeur à moi est une pomme rouge. Était une pomme rouge car elle moisit de jour en jour.
Demain peut-être elle aura entièrement fondu et j'aurais enfin du vrai sang. Un de ceux qui glisse très vite dans les veines. Vivement ce demain aux allures de livre ancien.
Vous savez un de ces vieux livres couleur pourpre.
Commentaires :
Re: Re: Re: Re:
Re: Re: Re:
Re: Re: Re:
http://www.azurs.net/photos/fleur_pommier_avril.jpg ne fonctionne pas ;-)
Voyez : http://www.azurs.net/photoblog/vol-de-bande-passante.html pour plus de détails :-)
Bien à vous,
Alors te dire encore une fois que tu m'impressionne, je me revois en troisième, c'est évident que mes centres d'intéret, mes mots, s'il y en avait, n'étaient pas ceux-là. "Je suis devenue la plaie du bac à sable qui ensevélie ses souvenirs sous les grains poussièreux." ===>>ma phrase préférére ;)
"La carresse de l'herbe fraiche me fait mal car elle me donne l'impression d'être vivante." Normal, l'herbe ça coupe.... et ça fait mal, alors en sent, on ressent, on sait qu'on est vivant.
Juste que même si c'était un peu noir, j'aime.
Re:
C'est vrai que l'herbe peut blesser... pourtant d'habitude je la vois plutot comme un havre de paix. Un lit de soleil.
Toi aussi tu m'impressionnes.
Re: Re:
L'herbe un havre de paix... oui il faut faire attention à l'herbe quand même, mais quand on la trouve à Paris, c'est d'autant plus agréable, si si je t'assure...
(merci)
ciorale
Il est joli ce texte. Même s'il est pas super joyeux... n'est-ce pas?
Des bisous[rires].Pour une journée fériée.