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L'océan Nuageux Filant
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Je m'y mets. Il faut que je raconte par bribes cet étrange week-end. Face à quelques ruines porteuses de souvenirs souvent enfouis sous l'océan. Cet océan gris, bleu, multicolore. D'une douceur qui fait sa force, sa vigueur et sa magie.
Samedi soir, après le mémorial de Caen, assis tous ensembles devant ce coucher de soleil qui n'en finit plus de nous faire trembler. De bonheur. Les pieds nus qui se plongent lentement dans le sable humide et frais. La marée est basse mais notre joie est grande.
Nous sommes un peu fatigués et penseurs parce que sur notre jeune mémoire pèsent le poids des camps de concentration, du Jour -J et des tous ces hommes qui ont sauvés notre pays de la noyade.
Malgré les silences qui s'installent parfois, nous nous gondolons souvent. Commes les voiles d'un bateau que nous n'aperceverons, d'ailleurs, jamais.
Hier, vendredi, quand nous sommes arrivés, deux des quatre garçons, que j'apprécie beaucoup, beaucoup, se sont baignés dans l'eau glacée. Ils sont fous.
L'après-midi dans le train, nous avions beaucoup mentis. Le Menteur oblige. Nous avions fait des signaux indiscrets. Keums oblige.
C'était la première fois que nous étions autant liés. Solidaires et aimables entre nous.
Les profs ont été supers. Elles m'ont fait découvrir le mémorial d'une autre manière. Je n'ai pas regretté de le voir une seconde fois.
Puis, il y a eu la batterie de Longues. Le vent qui nous fouette le visage et la pluie qui nous colle à la peau. L. qui me donne son pull dix fois trop larges pour mes pas si minces épaules. J. qui me donne son petit bracelet de perles en bois rouge. A cause de la pluie, il est maintenant tout décoloré. Mais il ne m'en veut pas. Je crois...
Bibou a été là quand j'ai pensé à des choses négatives. Quelques cauchemars bien réels. Une réalité à laquelle je ne veux pas penser mais qui me suit à la trace, qui marche sur mon ombre, qui l'écrase. J'ai eu mal au coeur mais le soir, ils sont tous venus en cachette et on a dormi les huit par terre, dans la chambre des filles. Ils sont repartis le matin, les yeux encore plus petits et gonflés que le matin précédent.
Même les matinées semblaient moins lourdes, moins fatigantes et déprimantes. Le jus d'orange semblait plus ensoleillé que d'habitude et la pulpe était plus moelleuse. Comme si tout s'était enjolivé. Au retour, nous sommes passés par Paris. Nous avons vu le musée Grévin. C'était drôle mais pas aussi drôle que le Lamapalouza. Mais je me comprends.

Puis dans le train Paris-Strasbourg, mes yeux embués rivés sur le paysage filant. L'herbe semble sortir de partout et les clochers creusent le ciel qui devient de plus en plus rose à mesure que le temps avance. Le sandwich est écoeurant et ma petite Marie me file la moitié du sien. Le poulet fond sous la langue et nous nous endormons toutes les deux, le rire de Morganne résonnant tout près.

Ecrit par ninoutita, le Lundi 22 Mai 2006, 21:09 dans la rubrique Journal qui se veut intime .