J'devrais p'têtre me l'écrire sur le front
© Ninoutita
Quand j'étais petit garçon, je voyais ton visage collé à toutes les vitrines qui vendaient des bonbons. J'imaginais que tu étais confiseur. Mais un jour, maman m'a annoncé que tu étais charcutier. J'ai prié, prié pour que ce soit faux et depuis, je te vois baignant dans le sang. Je ne savais pas vraiment d'où venait cette image, tout ce sang dégoulinant de partout. Maintenant j'ai grandi et je commence à comprendre. Comprendre que maman n'est pas si pur, que ses mains ne sont pas si vierges et qu'elle pourrait même s'avérer être dangereuse. Parce que cette image que j'avais n'était qu'une réminiscence de ce qui s'était réellement passé. Et la mare de sang avait été provoqué par ma chère et tendre maman pour une dispute de couple ou une autre femme peut-être. Une autre femme... J'aime t'imaginer dans les bras d'une bouchère, mais pas de ces bouchères qui sont stéréotypées plutôt une belle bouchère blonde et fine. Plus fine encore que les mains tâchées de maman et plus blonde que ses reflets artificiels qui sentent l'amoniaque à plein nez. Mais depuis quelques jours j'arpente la ville à la recherche de ton ombre ou à la recherche du parfum si doux de ta maîtresse. Je la vois bien s'appeller Lila ou Rose, un nom fleuri, un nom qui sent bon le printemps et qui contrasterait avec l'atomsphère étouffante des pièces de viande découpés. J'ai l'impression de te sentir revivre dans mon corps et une passion dévorante s'empare de moi. A la moindre belle femme blonde je sursaute, oubliant même que cette maîtresse, la tienne, je l'ai totalement inventée. Il me semble parfois que je suis moi-même un être imaginaire, étant la création d'un écrivain -n'importe lequel, qu'il soit bon ou mauvais- car après tout, qui sommes-nous, tous ? Si les nuages ne sont que du pop corn que Dieu se fait chauffer dans le ciel, les humains ne seraient-ils pas des marrionettes que le même personnage s'amuse à faire avancer, reculer, ressentir, penser et souffrir ? Il m'arrive d'angoisser en pensant que dès notre naissance, notre vie est déjà toute tracée et que nos moindres faits et gestes étaient déjà prévus. S'il est impossible de changer le cours des choses, est-ce que le fait de ne pas agir bousculerait notre destin ? C'est dans ces moments là que tout s'embrouille car le fait de ne pas agir, si j'en suis ma logique précédente, était déjà prévu par un je-ne-sais-quoi spirituel. En pensant à tout cela, j'ai bousculé une jeune femme blonde qui par sa taille fine et son parfum printanier m'a fait réalisée que tout était jouable et que la bousculade avait été déjà prévu depuis des années.
Ecrit par ninoutita, le Dimanche 14 Janvier 2007, 21:07 dans la rubrique Journal qui se veut intime .