© Ninoutita Il s'en est fallu de peu.
Quelques secondes sans doute.
Le temps que prend une chrysalide pour libérer un papillon.

J'étais aux galleries Lafayette, entrain de m'acheter un mascara waterpouf.
J'ai senti une grande main sur mon épaule.

Quelques frissons sans doute.
Le temps de réaliser que c'était sa main.

J'ai ri de le voir alors que j'étais en plein achat d'un mascara. Waterpouf en plus. J'ai ri plus nerveusement ensuite. Parce que je me suis rendue compte que je devais être plutôt laide. Pas que je le sois pas d'habitude mais je fais des efforts pour paraitre mieux.
June a les yeux verts très foncés. Et un sourire qui me fait me sentir belle. Il m'a dit qu'il était content de me croiser par hazard.
Il n'avait pas osé m'appeller.
Moi, j'avais le coeur qui n'osait pas battre franchement. J'avais la peur que Second, ma soeur, n'importe qui de connus, me voit, nous voit. Il m'a demandée si je partais en vacances.
"demain"
Ses yeux verts foncés se sont assombris. Il a eu l'air de réfléchir.
Je l'ai observé pendant ces cinq secondes de pause.
Puis il m'a proposée d'aller boire un verre.

Le temps de payer et nous étions au dehors, sous le soleil estivale qui dardait enfin ses rayons sur nos têtes pas encore très habituées. Nous avons marché quelques minutes, en silence, et j'ai compris que le silence nous allait bien. Rares sont les personnes que je ne connais pas beaucoup et avec qui le silence n'est pas gênant. J'ai finalement décidé de dire un mot. Deux. Bon d'accord, trois.
"On est bien."
Il a paru sincèrement touché par cette petite phrase. Alors je me suis souvenue qu'il était en ce moment en "pause" avec sa petite amie. Sa petite amie qui est enfait une amie d'enfance qui pense avoir trouvé un homme mieux que lui pour la satisfaire. Mais qui n'ose pas vraiment rompre. Et qui du coups le fait souffrir.
Ca je le savais déjà par ma soeur. Mais j'ai été touchée à mon tour lorsqu'une fois assis à la terrasse d'un bar, il m'a parlée de ses problèmes. Pas que de coeur. J'ai écouté posément. Bizarrement je me suis sentie très mature à écouter un... un homme se confesser. A la fin, il s'est arrêté, pratiquement le rouge aux joues. Il m'a dit qu'il était désolé de parler de ça à moi, qu'il devait m'ennuyer avec ses histoires. J'ai bien sûr répondu que non. J'ai manqué de m'étrangler. Des larmes ont perlé. Il l'a remarquée. J'ai repensé à Romain. J'ai repensé à cette semaine. J'ai repensé à l'endroit où toute notre histoire s'était déroulé et je me suis souvenue que c'est ce même endroit, à la même époque que je vais revoir demain.
June a pris mon visage entre ses deux grandes mains. Il a approché son visage tout près du mien, il m'a regardé longuement dans les yeux, comme à la recherche d'une réponse ou peut-être d'une solution, puis il a déposé un baiser sur mon front. J'ai souri entre les larmes et il m'a rendue mon sourire. Je crois qu'à ce moment là, nous avons compris ce qui nous rapprochait réellement en dehors de la musique, de l'humour un peu décalé et de l'impression d'avoir un corps trop envahissant.
Ce qui nous rapproche est beaucoup plus intime que tout cela.
Ce qui nous rapproche, c'est qu'on a peur de s'aimer.



PS : je reviens le quatre août. D'ici là, passez de bonnes vacances.