©Ninoutita


Je m'en excuse mais j'ai besoin de fuir. Trop nostalgique, je ne suis pas capable de donner une appréciation positive à ce que je fais. J'ai l'odorat trop sensible, le martini est certes bon lorsqu'il coule le long de ma gorge, il n'empêche que son parfum est écoeurant et que ce verre colle à ma main. J'ai jeté mon paquet de cigarette sans m'arrêter de pédaler, il a atterri avec un bruit stupide dans la poubelle. Un bruit de crâne vide. Je comprends Xavier depuis que je me demande aussi "c'est quoi ce bordel avec l'amour". En effet tout le monde en parle, les murmures se dissocient les uns des autres, celui de gauche te dit que tu es belle tandis qu'un allemand ne te donne plus de nouvelles. Reste à savoir comment j'ai pu pendant deux ans aimer un fantôme. C'est une situation confortable et pratiquement grisante mais c'est également désespérant.
Je ne veux plus que n'importe quelle bouche se presse contre la mienne, ça me donne la nausée. Aujourd'hui c'était un mal de tête inexprimable; en rentrant dans le tout petit matin (cinq heures à peine et déjà les oiseaux) je me tenais le front de la main droite, la main gauche tenait le guidon. Le froid me fendait le corps, j'étais seule, très seule et le ciel demeurait sans lumières tandis que les lampadaires perdaient la leur.
Je crois que j'ai envie de devenir casanière, ou alors partir à nouveau. Mais sortir dans cette ville que je connais par coeur ne m'enthousiasme pas particulièrement. Florence est chaleureuse à n'importe quelle heure de la journée, ici j'ai froid.
J'écoute toutes les chansons de mon i-tunes qui commencent en every, ça en fait un paquet. Je fais toute sorte de jeux stupides comme regarder la cime des arbres s'embrasser. M'effrayer de mon coeur qui bat. Ou coller mon front contre le congélateur. J'ai l'air folle et personne ne daigne s'en rendre compte, ça me rassure : ils sont aussi fous que moi.

Qu'importe le temps, demain ou dans une semaine, je te prendrai la main et tu me diras tout ce que tu as sur le coeur. Vraiment tout, et pour une fois ce ne sera pas seulement de l'encre, ce sera un son, ce ne seront plus deux ou trois heures, ce seront deux ou trois jours.
Et je trouverai les bons mots.