Contorsion
© Ninoutita
Ce changement brutal de couleur du rose fushia au noir réglisse est louche.
Le hochement de tête de l'autre soir, assise dans ton fauteuil crapaud en vieux cuir marron, ne me correspond pas. J'aurais mieux fait de répondre un "non" sec. Ainsi, je ne me serai pas souvenu. Enfin c'est stupide de dire cela parce que de toute manière j'y pense souvent. Moins qu'avant, certes, mais le souvenir reste vivant. Plus le temps passe et plus j'entrevois des bouts de phrases qui lui sont sorties de la bouche. Je me rappelle du timbre de sa voix et ça me remue un peu, là, au fond du ventre. Pas d'amour non, juste de surprise. Je pensai que le souvenir de sa voix pourrait être déprimant au contraire il est délicieux. Je crois que je commence à m'habituer à plusieurs idées (à priori fausses) sur sa disparition. Il est fou, il est mort, il est drogué, ses parents le séquestrent au fond de leur cave, il est parti au Brésil comme nous avions prévu et à cette heure-ci il est alongé au sommet d'une falaise et m'attend. Entre ciel et mer, libre, la pensée divaguante, je crois que c'est ainsi que j'aimerai le retrouver. Ou alors à la taverne, assis sur la banquette rouge à droite, buvant un café et lisant Blanche ou l'oubli. Il serait beau, il serait à moi. Ou plutôt tais-moi, je rêve trop.
Les yeux d'Alex dans les miens. Vraiment. Il me sort de mes rêveries, j'attéris violemment dans sa chambre chaleureuse, genre cabinet 1900. Je ne ressens plus rien et je comprends tout. Plus tard, enfin aujourd'hui, j'ai di à Claire que son lit deux places seraient mieux avec un garçon dedans. Un garçon pour elle, dans le genre beau brun barbu. Cette petite remarque a déclenché une parfaite complaisance chez moi à être célibataire. All Alone mais pas tout à fait.
Ecrit par ninoutita, le Jeudi 29 Novembre 2007, 21:34 dans la rubrique Journal qui se veut intime .