Tous ces gens assis dans l'herbe encore un peu froide, au bord du fleuve vert. Les rires joyeux de quelques lycéens qui se perdent dans des tourbillons de bolasses un peu cramées au bout. Derrières leurs silhouettes lumineuses, le ciel d'un bleu franc, qui donne envie de s'envoler.
Le riz thaïlandais dans sa boite qui réchauffe le coeur des mains. Bibou raconte comment sa soeur est partie au Luxembourg retrouver son amour. Pas longtemps mais tout de même. Le temps d'un week-end, sans le dire à personne.
Pourtant on s'est bien rendu compte de son absence. Bien sûr ses parents se sont inquiétés.

Elle est revenue le dimanche soir, mouillée par la pluie fine de février. Le khôl qui coulait sous ses yeux remplis d'étoiles. Et puis ça a pété. Mais elle s'en foutait.
" ça fait rêver "
Oh que oui...

Un cygne pas loin semble nous regarder avec amusement. On lui rit au nez, sans trop le montrer, parce qu'un cygne c'est méchant, ça mord, ça fait goutter du sang sur la belle terre molle. Le riz thaï commence à refroidir. Alors on se grouille de le manger avant de retourner en cours.
Mais on arrive tout de même en retard après avoir couru pendant cinq minutes derrière le bus
- et l'avoir raté.
On s'est arrêté essouflées et pliées en deux de rire.
Parce qu'on est vraiment pas doué et c'est pour cela qu'on s'entend bien.

Bibou a prévu de me faire des atebasses. Il n'y a plus qu'à acheter la laine.

Je me sens bien là conter ma vie sans grands rebondissements. Mais c'est ma vie, que je le veuille ou non.

J'aime le printemps.

J'aime.

Pix : Ataegina, u-blog