Penser. En m'étalant de l'eau de rose sur les joues juste parce que ça rend la peau douce. Même si l'odeur est mièvre.
Dans ma tête: un refrain qui me dit que peut-être je n'ai pas encore vraiment commencé ma vie. Que ce n'est que l'avant goût de mon existence. Que j'ai encore le temps de tout recommencer si j'en ai envie.
Après tout, pourquoi devrais-je me presser ?

Râler. En m'étalant sur mon lit moelleux. Enfoncer mes ongles très courts dans le matelas très comme il faut. Regretter un peu. D'avoir regarder devant moi sans lui jeter un regard. Mais après tout, c'est pas de ma faute si il est con. Hein.

Respirer. En essayant d'éviter du nez l'odeur qui squatte mes joues.

Regarder. Loin, très loin. Par le vélux qui laisse passer les rêves. Choisir une étoile au hasard dans cet océan de loupiottes jaunes. Pourquoi est-ce que je dis qu'elles sont jaunes ? C'est faux, elles sont blanches.

Saisir. L'instant présent. Celui qu'on ne vivra plus jamais.

Toucher. Les carreaux de ma fenêtre pour voir si ils existent vraiment.

Sentir. L'air bleuté qui reigne dans la pièce. L'élégance de la lune qui disparait sous un vêtement de deuil. Celui du soir.

Vendre. Ses mots à un bout de papier qui gardera le secret.

S'évader. Par la fenêtre entr'ouverte. Dans un itinéraire conseillé par les étoiles.

Sourire. Parce que ça m'était pas arriver depuis longtemps d'être bien. Juste bien. Sans idées noires, ni roses, ni vertes. Juste des pensées. Translucides comme les fenêtres qui m'entourent.