Assise sur les escaliers surpomblant la place, je laisse rouler des larmes chaudes. Elles glissent sur les marches de pierre glacée pour venir mourir sur des petits cailloux. Un pigeon vient me dire " bonjour ", la tête balotante au grès du vent ensoleillé. Cette petite présence de rien du tout me réchauffe le coeur.
Derrière moi, un groupe de jeunes éclatants de couleur danse dans la lumière rosée de fin de journée.
Leur joie fait du bruit et l'accordéon donne un air de fête aux escaliers.
Ca me donne encore plus envie de pleurer.
Un garçon est assis en tailleur, les mains qui valsent sur un djembe de poche. Il est comme en transe, ses mains qui semblent portés par sa musique rhytmée.
J'ai froid. Mes bras sont fermement serrés devant ma poitrine, comme un bouclier imaginaire. Un bouclier qui me sépare d'eux et de leur gaité instensive. Une fille, les cheveux rouges et noirs, les yeux turquoises, un t-shirt rose et la peau blanche vient vers moi, un sourire chaleureux aux lèvres :
" Hé, mais faut pas rester toute seule dans ton coin, joins-toi aux autres "
Ses yeux sont bleus, les miens sont rougis par les larmes versées. Elle le voit bien, me frotte un peu le dos, amicalement alors qu'on ne se connait pas et part sur son vélo, laissant le groupe qui danse encore et moi qui pleure à nouveau.

J'aimerai que ma vie ne soit qu'une pièce de théâtre et que mon rôle d'adolscente déprimée soit remplacé par le rôle d'une adolescente toute pleine d'ami(e)s. Pas que j'en ai pas...mais...
Je n'arrive même plus à trouver les mots justes, les mots qu'il faut.

Ce soir, les étoiles ont une lueur que je n'arrive pas à entrevoir. Une lueur claire, qui laisse présager un bon nombre de choses inperceptibles par mon coeur. J'ai envie d'une autre vie, d'un autre moi. Des questions cognent contre ma tête, veulent sortir pour aller s'envoler vers ces discrètes étoiles.

Voilà que je ruisselle encore. Plus sur les pierres mais sur du plastique. Des touches de clavier tâchées par des lettres que je n'arrive plus à utiliser. J'écris en pleurant, en écoutant chanter -M-.
Je pleure pour rien, je pleure pour tout.

Mais que m'arrive-t-il à la fin ?

J'dois être chiante avec mes plaintes incessantes...

Ce groupe de jeunes de tout à l'heure m'a fait frétiller les souvenirs.
Ca me rappelle cette semaine passée, entourée de personnes un peu floues, peut-être liée à la fumée que provoquaient nos pieds dans le maquis poussièreux.
On foulait avec bonheur chaque seconde de notre semaine magique. Cette semaine qui s'est finie sur des promesses pleine d'amour, de retrouvailles, de phrases qui tourbillonaient comme des plumes dans le mistrale.

Mais depuis la fin de l'été, ces promesses se sont réduites en une fine poussière. Comme celle de Méditerranée.
Nous sommes tous des quatre coins de la France.
Plus de nouvelles depuis plus de quatre semaines et pas de lettres venant de coins de la France.
Mais comme on dit.... " plus de nouvelles, bonnes nouvelles "...
Mince, si la vie pouvait être aussi simple que ces proverbes de crotte ça arrangerait bien des choses.
On vivrait sur des bases simples. Nous n'aurions plus besoin d'explications. Il suffirait de prononcer quelques mots bêtes et nous serions heureux.
C'est peut-être ça mon idéal. Vivre bien, simplement, bêtement.
Peut-être que ce groupe dansait pour une vie ainsi.
Ou peut-être que c'est moi qui avance des idées totalement farfelues. C'est surment ça, oui.

Mes mains voulaient aussi valser mais finalement tripotaient mes résilles. Le vent s'inflitrait par le trou de mon pantacourt.

Cette place, ma place, elle sait tout me faire ressentir. Mon humeur se modèle comme les courbes de l'herbe émeraude. Quelques nuages mousseux viennent sur le ciel déséché.
Je manque de place dans mon pot de fleur de vie.

Je crois que je suis en manque d'amour...


... et d'amitié.