" En retard, je suis en r'tard, en r'tard ! "

Je cours dans la rue, la semelle qui frotte et qui tappe sur le trottoire envahit par le monde. Le soleil darde ses rayons sur mes épaules nues. La sueur trempe mes lèvres qui laissent s'échapper un sourire discret. Finalement, ce n'est pas la mer à boire. Il faut juste que je m'habitue à cette nouvelle classe, mais déjà je sympatise avec des gens tous très différents.
Ce matin, en technologie, j'ai beaucoup ri avec Loïc. Il n'est plus aussi enfantin qu'avant. Il a changé. Même son regard parait plus intelligent, plus mure.
Et puis j'ai glandouillé avec les " mecs ". Ma bande d'amis où je suis la seule représente du sexe féminin. Ils ne me traitent pas vraiment comme une fille, ni comme un garçon. Je suis un peu l'exeption ( ahah vous allez m'dire ' hého pète pas plus haut qu'ton cul miss!' ) . L'être un peu bizarroïde qui les fait rire et se confier. Je vois beaucoup dans leurs regards. Mais je n'arrive pas à saisir une de ces paires d'yeux, la bleu qui me parait trouble. Parfois je me demande si je ne le dérange pas...Après tout, il a quand même était amoureux de moi l'an dernier...Mais que se passe-t-il vraiment dans sa tête ?

Pendant que mon esprit vagabonde, mes pieds courent. Je me heurte à une fille toute rousse et toute en rondeur. Ses yeux pétillent, sourient.
" Désoooolé" que j'lui dis.
Elle se gondole d'une manière qui donne envie de tuer la tristesse. Ca fait envie un rire pareil et puis elle respire vraiment la joie de vivre avec ses dents du bonheur - comme celle du jongleur ! -. Alors je le lui rends avec un franche sourire qui me déchire la bouche. Ca fait du bien les gens comme ça.
Le rythme de mon coeur s'est ralenti, mes pieds cessent un peu de fuirent. Il est déjà 17h45 ! Mais tant pis, la ville est ralentie par la chaleur alors pourquoi pas moi? On tombe comme des vulgaires moucherons dans cette ville surchauffée.

Enfin assise dans le tram, où il fait froid comme dans un frigidaire, je laisse mes yeux s'attarder sur le paysage qui défile à vive allure. Chaque arbre s'évapore en vitesse laissant place à l'un de ses compères. Toute ces changements me fatiguent les yeux et je tourne un peu la tête pour voir ce qu'il se passe à l'intérieur du frigo roulant. Une vieille dame toute frippée est assise en face de moi, les mains cripsées sur ses genoux recouvèrent par une jupe à fleurs fanées. Ses yeux sont d'un vieux bleu, un peu flou, comme ceux des vieilles personnes. A côté de moi, debout, se tient une fille avec des lunettes si énormes qu'elles lui cachent son front de façon comique. Et puis il y a ce jeune homme africain, qui me regarde de ces grands yeux rougis par le soleil brulant. Tant de gens différents dans un si minuscule espace !

Mes rêveries sont interrompues par un petit cri bruyant qui résonne dans ma tête. Celui que j'ai laissé s'échapper quand Rouliane a essayé de m'immortaliser. Les photos ce n'est pas mon fort, pourtant il a réussi à me prendre dans un moment tout simple. Mes yeux sont tournés vers le ciel et je parais un peu ailleurs, totalement inconsiente de ce qui ce trame derrière l'objectif.

Belle journée.
Étonnée par mon desespoir d'hier.
Tant de chose peuvent changer quand l'amitié pointe le bout d'son nez !