Youpi.
Juste un mot heureux, écrit sur la vitre embuée de ma douche. L'eau est froide, presque glacée et ses goutes s'écrasent sur mes épaules encore engourdies. Mes cheveux sont cachés par un nuage de shampoing. Je souris, je stresse. Je dois me dépécher, je suis en retard. Alex m'étonnera toujours, avec ses plans de dernières minutes. Il est 20 heures. La fête commence quand on veut, mais quand même, autant être là au bon moment. Alors je frotte, je rince, je lave, je mousse. En sortant je me poste devant la glace. Même mes cernes disparaissent peu à peu. J'enroule mes cheveux d'une serviette tout propre et me rends dans ma chambre. Devant l'armoir, je doute, je cherche. Et puis finalement, j'opte pour ma tunique marron transparente ( mais pas trop quand même ) et mon pantalon en lin blanc. Un peu de noir autour des yeux. Je descends, un peu trop vite, manque de rater la dernière marche. Je rie de mon empressement. Ma mère me demande de manger quelque chose, je mange, je profite, je vais vite.
Et me voilà dans la rue. Mes cheveux encore mouillées dégoulinent le long de ma colonne vertébrale.
A quelques mètres, on entend des bribes de verres qui s'entrechoquent, de paroles rock qui choquent.
Puis j'arrive devant cett barrière où j'ai si souvent sonné. Mon coeur bat à tout rompre. Je suis exitée à l'idée de passer une bonne soirée. Mes doigts appuient sur la sonnette qui retentit dans ce vacarme festif. Nadine, la petite amie d'Alex, vient m'ouvrir. Son décolleté est saupoudré de quelques paillettes qui mettent valeur l'émeraude de ses yeux. Elle est belle. Elle en a de la chance. Je me sens d'un coup trop jeune, laide, pas intéressante. Une vague défaitiste me liquéfie sur place.
" Saluuut !"
Alex est là, juste devant moi. Souriant dans la pénombre de son perron. Il est aussi beau qu'elle. Il en a de la chance.
Il me parle mais sa bouche parait muette peut-être à cause de la musique assourdissante. Alors j'entre, je me pose sur le canap' et profite de l'ambiance chaude et lumineuse qui règne dans ce salon. Les gens dansent sur un rythme piquant de salsa cubaine. Tout le monde a l'air d'avoir deux ou trois sans de plus que moi. Je ne me sens pas à ma place.
J'étouffe.
Mais je reste quand même.
Alex vient s'assoir à côté de moi. Il sent la sueur, la bière et le propre. Difficle à décrire comme odeur. Elle me rappelle trop celle de Maxime ( mon ex-ex). AAAAAAAH. Bêrk. PUR DÉGOÛT. Bon, bref, je disais?
" T'as pas l'air de t'amuser "
Ses yeux percent mon cerveau, c'est pas possible.
" heu, ça va..."
J'essaie d'être un minimum convainquante, mais rien n'y fait.
" Bientôt il arrive"
Là, pour tout vous avouez, je croyais qu'il parlait de Zoro.
" Qui ça ?"
" Jo "
J'esquisse un faible sourire alors qu'au fond de moi c'est le déluge. ( Note à moi-même : il faut que j'apprenne à mieux montrer ce que je ressens )
Geoffray? Ici. Bientôt. D'accord. Neurones, je contacte mon cerveau. Heu. Mon cerveau essaie de contacter neurones. YOUHOUUU.
Entre temps Alex est reparti danser. J'attends seule pendant une heure, avec pause pipi toutes les 20 minutes. Je sirote un peu de coca parce que la bière ça me fait paraitre pas très saine d'esprit.
Et puis on sonne. Je me lève brusquement, manque de renverser mon verre que j'ai mis à mes pieds.
J'ouvre la porte.

Il est là devant moi. Ses cheveux un peu plus long que la dernière fois. Ses yeux marrons toujours aussi doux. Un sourire se dessine sur son visage un peu féminin. Lui aussi il est beau. Lui aussi il en a de la chance.
" Et bien, quelle surprise "
Sa voix grave me séduit. Vraiment, il me plait.
Il entre, je le vois plus claire maintenant. Il a mis un pantalon normal un peu délavé et un t-shirt blanc avec l'inscription marquée en noire " Grunge is dead". Le même t-shirt que Kurt.

Une heure merveilleuse passe. Je suis ivre de son sourire, de ses yeux. Il parle beaucoup avec ses mains. Et puis, nous commençons à en avoir marre de l'aire saturée par la fumée des cigarettes. Il m'emmène dans la chambre d'Alex.
" Il va pas nous en vouloir ?"
Il me sourit, me rassure : " Mais non, t'oublies que je suis son meilleure pote depuis des années, il peut pas m'en vouloir pour ça "
J'entre dans cette chambre qui m'avait horrifiée la dernière fois. Mais ce soir, rien ne me fait peur.
La chambre est éclairé par la lueur des étoiles et du lampadaire de l'extérieure. La musique qui cognait les murs du bas ne traversent pas la porte. Pas un bruit, à part mon souffle court et sa respiration calme.
Je m'approche de la fenêtre grande ouverte et un souffle d'air presque pur vient baigner mon visage. Je sens sa présence derrière moi. Le silence est apaisant. Je me retourne. Il est là dans la lumineuse obscurité de la nuit. On se regarde dans le noir. Chacun sait que l'autre en a aussi envie. Il n'a pas bu. Moi non plus. Il s'approche de moi, de mon visage. Je sens son souffle dans mon cou.
Il m'embrasse. Un baiser doux que je n'oublierai jamais.
" Je...comment te dire"
Sa voix est hésitante. Je crains le pire. On vient de commencer mais la fin parait proche.
" Oui ? "
J'ai la voix au bord du sanglot, je sens que ça va mal tourner...comme d'habitude.
" Je pars demain "
Je ne comprends plus rien, mes yeux se brouillent. On ne sait vu que deux fois, mais...oui, je suis un peu amoureuse.
" Où ?"
Je tremble.
" A Paris "
Il passe ses bras autour de ma taille, m'embrasse à nouveau.
" Je ne comprends pas, pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? "
" Parce que ...."
Il se perd dans des explications compliquées, mais vraies. Je vois bien qu'il n'ai pas entrain de me mentir mais je n'ose pas me l'avouer.
L'Amour me déçoit à chaque fois.

Hier après la fête, j'ai pleuré en silence dans mon lit. Je me suis sentie bien seule...
Aujourd'hui je vais bien, je suis trop occupée à stresser à cause de la rentrée pour me rappeller de ce qui s'est passé.