Ses yeux s'embuent de larmes. Cinq ans que ça dure. Cinq ans qu'elle n'en peut plus. Une maladie si commune aux adolescentes et aux jeunes femmes. Maintenant elle a peur. Peur de ne plus lui plaire, peure qu'il la trouve grosse. Elle l'a prévenu, avec sa jolie voix qui sonne à la française, que son poid, c'était comme un yoyo. Allait expliquer ça à un irlandais. Il a compris. Il l'aime. Moi aussi je l'aime. Et pour tout vous dire, ma soeur n'a pas repris tellement de poid. Juste deux kilos, ou trois - peut-être - mais qu'importe?!
Hier soir, elle s'est confiée à moi dans une atmosphère si douce que les mots coulaient tout seuls.
J'hochais la tête, posais des questions, pour comprendre, pour mieux la comprendre. Après, l'ambiance s'est détendue, peut-être à cause de cette conversation qui avait déviée sur " mouwhaha, c'est vrai qu'on a une sacrée geule quand on dort ! ". Je pense l'avoir apaisée, même si tout n'est pas fini. Même si cette maladie est encore bien là, comme un démon qui dort dans ses souvenirs les plus profonds. Parce que tout ça, tout ce qu'elle endure et ce qu'elle a enduré, c'est à cause d'un Homme. Son instituteur du CP.
" Les filles ne doivent pas être comme Elsa, avec les cheveux courts ".
Des paroles durs qui revenaient tout le temps déchirer son tympan d'enfant. A cause de Lui, qui l'a prise comme souffre douleur pendant toute cette année. Résultat quand elle est arrivée au Ce1, elle ne savait ni lire, ni écrire. Mais elle a pris une belle revenche, en ayant presque chaque année pendant toute sa scolarité, le prix d'exellence. Vers onze, douze ans, elle se couchait tous les soirs dans les environs d'une heure du matin pour vérifier plusieurs fois que tous les volets étaient bien fermés. Et puis en troisième, il y a eu cette dépression grave, des envies de suicide. Et le commencement de ce nouveau parasite : l'anorexie. Ca c'est calmé, on l'a soigné. Et depuis cinq ans c'est revenu. Comme David et Goliath, ces deux choses vont de paire. L'anorexie et la boulimie.
Mais rien ne pourra plus jamais lui faire du mal, je me le suis promis à la fin de sa dépression. C'est mon devoir de l'aider. Parce que tout simplement, je l'aime... et heureusement toute la famille l'aime égalment.
Commentaires :
Re:
Ma soeur et moi...on a toujours été très proches. Malgré ces quelques années qui nous séparent, elle s'est toujours confiée à moi. Moi peut-être un peu moins, parce que j'ai du mal à "vider mon sac". Je n'ai pas trop tendance à dire mes problèmes, à part sur mon joueb, et dans mes lettres ( ;) ).
Cet article...j'ai hésité à le poster. J'avais peur de trop en dire sur ma soeur, que cela ne me concerne pas. Mais enfait, je prends ça tellement à coeur, que ça me concerne énormément.
Maintenant elle a un copain donc je pense que ses rapports par rapport à la nourriture et par rapport à son corps vont aller mieux.
Merci Rafaelle pour tes commentaires qui réconfortent.
Ce texte, et je ne dis pas cette article!! bien que force de sens , est tjs tres beau...J'aimerais avoir ton talent d'ecrivain...etre capable d'ecrire des choses terribles avec tant de poésies et de légereté...j'ai l'impression de lire un livre..Pourtant ici, c'est la réalité...une maladie terrible...on connait tous qq'un qui l'a eut...il est tres difficile d'aider des gens malade en gle..mais c'est encore plus difficile pour eux...Mais ici, ce n'est pas :eux, des gens ou il..c'est ta soeur...Je comprends comment cela peut etre dur pour toi...c'est pour ce la que j'ai des pensées pour toi aujourd'hui et pour ta soeur qui se sort peu a peu de cette maladie...!Le courage et l'abnegation sont les maitres-mot pour s'en sortir...elle y est presque...aussi grace a toi...
Pleins de bisous...
Re:
Elle est bien arrivée à Dublin, hier. Elle a bien retrouvé son prince irlandais. Je suis contente pour elle. ^^
bisous
Je rejoint Poah... C'est très bien écrit malgré la dureté du sujet. Je te comprends, cette maladie, ce qu'elle fait endurer, aussi bien à toi qu'à ta soeur. J'tassure, que je comprend. C'est triste, c'est terrible, mais pas incurable ;))
Jte souhaite tou plein de courage, parce qu'elle peut revenir comme ça...
Plein de bisous
rafaelle-
Je pense ne jamais l'être, il n'y a pas de raison.
Mais ce sujet qui pourtant ne me concerne pas m'a toujours touchée au plus profond de moi.
Peut-être parce que j'ai eu à aider des personnes victimes de ce démon...
Et que aussi, j'ai beaucoup lu... J'aime me glisser, lord de mes lectures (ou même dans les films) dans la peau du ou des personnage(s).
J'essaye de comprendre leurs faiblesses, leurs souffrances..
Depuis que je suis sur Joueb, j'aime connaître chacun de vous comme l'un de ces personnages.
Car tous restent en moi, avec une image, avec une réplique, un mot, un souvenir, un goût dans la bouche...
Une ambiance.
C'est bien aussi de te dévoiler de cette autre façon. De parler de toi à travers ta famille.
Oh non ce n'est pas facile... Ni pour toi, ni pour elle...
Ma soeur est encore petite...
Peut-être qu'un jour ce sentiment fort comme le vôtre saura nous rapprocher... Un peu...
Mais il nous rapproche déjà...
Et c'est la petite soeur qui écoute la grande soeur répondre à ses questions...
-Mais t'auras pas d'enfants ? Moi je voudrais bien être la tante de quelqu'un... Ce serait triste quand même...