Vrouuuum-Vrouuum fait le scooter. On ne se rend pas compte de son bruit quand on est dessus.

Ma soeur tient le guidon, les ongles enfoncés dans le caoutchouc tout mou. Moi je suis à l'arrière, les cheveux qui flottent dans la brise ensoleillée du matin.
C'est ainsi que nous arrivons devant cette prison, ce bâtiment en pierre, carré, sévère qui me sert de bahut depuis longtemps.
Je cherche mes bouquins et nous repartons sans demander notre reste. Ma soeur est toute fière, de se promener dans ce bahut, qui a été le sien il y a de cela six ans, avec un béret enfoncé sur le crâne, un piercing planté dans le nez, un autre trouant son oreille. Moi je suis tout simplement déprimée, de reprendre cette routine agacante qui me fais très chier, mais m'occupe et parfois même, j'dois l'avouer, me réjouis.
Ce bâtiment gris, lugubre, c'est chez moi. Je connais chaque recoin de ces pièces, de la peinture qui s'écaille à l'odeur qui pue mais qui rassure (un peu) de sa cantine.
Alors, en pensant à tout cet univers, je souris bêtement. Sans oublier que je n'ai pas beaucoup d'amis. Et que la solitude devient pesante quand elle est vécue entourée de personnes hypocrites.
Oulala. Je me perds dans des explications sans queue ni tête. Je suis surment un peu abrutie par la nuit qui m'embaume d'un parfum délicieux. Août nous a quand même donnés quelques journées estivales. Ca se sent dans l'air comprimé qui vient m'étouffer de cette chaise jusque sous ma couette.
Je suis allée en ville cette après-midi avec ma mère et ma soeur. On s'est baladé la glace à la main, citron-noisette pour moi, deux boules yaourt pour ma moutti et ma soeur, sous les arcades sans but précis jusqu'à ce que la mother déclare:
" Tiens, faudrait quand même que je t'achètes quelques fringues"
Mes yeux bruns clairs le deviennent encore plus. C'est ce qui arrive quand je suis amoureuse ou tout à fait d'accord. Là, bien évidament chers lecteurs, vous devez optez pour la deuxième suggestion.
Ma mère entre dans le pr. suivie de ma soeur et moi. L'air artificiel et froid crache sur mon visage. Je reste là, quelques secondes à contempler cette mer de vêtements. Tous dans des couleurs chaudes, gaies mais n'est en moins hivernales. Je m'approche vers un rayon dans les tons rouge-marron, touche du bouts des doigts des morceaux de tissus doux ou bien piquants.
Et je commence à sortir ce qu'il me plait. Résultat je me retrouve devant le miroir d'une cabine, illuminée par une lumière jaunasse qui fait très bien ressortir la moindre impurté de ma peau.
J'essaie une jupe longue un peu bouffante rouge sang, une en velours marron/noir, un pull orange, rose, jaune, tout coloré, tout agréable ,qui pique un peu tout de même, une veste assez cintré marron clair en velours ( kesepasstilaveclevelours?) et deux tuniques, l'une débardeur transparente marron, l'autre à manches courtes avec des fleurs violettes et dorées.
J'essaye en enviant le magasin de posséder autant des vêtements. La fille que reflète le miroir est presque un peu hippie ( grunge aussi ? ). J'aime bien cette image de "moi".
Ma mère et ma soeur me regardent. J'attends leur verdict. Mais il ne vient pas.
Et quand ma mère se décide enfin à ouvrir la bouche : " on embarque tout, pour ton anniversaire"
Je regarde ma mère, un peu étonnée. Pas qu'elle ne m'offre jamais rien ( au contraire ), mais tout ça!
Finalement on s'en sort ( enfin elle s'en sort ) pour une somme pas trop faramineuse. C'est des jolies fringues pas trop trop chères.

La ninou est contente :)