Je pianote ces dix fatals ( en tout cas à mes yeux ) numéros.
Ca sonne chez lui. Je croise les doigts pour que ce soit lui qui déccroche.

" allô?"
Un soupir de soulagement m'échappe.
" Heu...Alex...?"
" Inès...tu sais on est voisins...alors autant sortir de nos demeures respectives et se retrouver dehors, non?"
" Oui, t'as raison"
" Okay, à tout de suite"
Il raccroche. J'attends cinq secondes avant de poser le téléphone à mon tour. Je me remémore chacune de ses paroles. J'analyse, en essayent de savoir si il m'en veut ou non.
Parce que mon comportement me choque. Parce que je suis si ridicule. Parce que je m'en veux énormément. Parce que si ça se trouve, il s'en fout. Ou alors il m'en veut. Mais, il faut qu'il comprenne. Que, moi, ça va moyennement bien en ce moment. Que j'agis bizarrement. Qu'il faut que je reprenne mon caractère en main. Que je suis à fleur de peau. Nerveuse, et en même temps abrutie par la douceur du logis, par l'odeur rassurante qui règne chez moi.
Mais qu'en même temps, malgré cette recherche perpétuelle de confiance en moi, je me sens bien.
Solitaire, peut-être, mais aimée par ceux que j'aime. Enfin, je crois.

Je sors de chez moi, pieds nus, dans ma jupe blanche virvoltante sans l'aide du vent, les épaules et le ventre recouvèrent d'un t-shirt du Che. L'âme révolutionnaire, le coeur espérant qu'il ai bon coeur.
Il m'attend. Il n'a pas le visage particulièrement sombre. Même que le soleil effleure son visage. Même si vous vous en foutez. Pour moi, ça veut presque tout dire.
"Alors comme ça on fuit son cher et charmant voisin? "
Son ton est ironique, amusé.
J'essaie de me justifier, embrouillant les escuses dans un tourbillon qui donne:
"Heu, je...enfin..je voulais pas...je suis...escuse-moi"
Même le soleil à l'air de se foutre de ma geule.
Allez y, riez- vous de moi.
" C'est tout pardonné"
Il se gondole une nouvelle fois. Peut-être de mes yeux ébahies. De mon air offusqué.
Et puis vlan, un coup de poing amicale dans son épaule le ramène à ma réalité.
On se bagarre comme des gamins, sur le trottoire envahie par les mauvaises herbes. Le bruit sourd du moulin enveloppe nos cris d'un voile agréable.
Alex et moi...ça aurait jamais pu marcher (parce que OUI, on a faillit commencer ensemble) ( heu vous comprenez ce que je veux dire?) (hihi).

Voilà, un article fait un peu (beaucouuup) pour Lucie, poah et la ménagère grecque masculine.