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Anemone

©Ninoutita



Qu'est-ce qui était le plus beau ?


La rencontre entre les veines et l'auréole et mon désamour pour ces striures bleutées qui palpitent en moi, de façon bien trop perceptible. Les robes à fleurs, à pois, sans pois, sans fleurs, sans foi, ni loi.
Les jours d'insomnies, on ne se réveille plus. On aperçoit les premières lueurs de la nuit avec un sentiment de satisfaction, un regain d'énergie. Les journées débutent à quinze heure et les nuits s'étirent jusqu'aux aubes grisâtres.

Ce sentiment d'infériorité croissant, d'inutilité, le flegme, le mauvais flegme, la raillerie facile. J'ai laissé s'éparpiller mes espoirs sans insister pour les récupérer au vol.
Non, je n'écris plus. Pas même dans des cahiers, ni sur les murs mais seulement dans ma tête. Lettres volatiles dont je ne me souviens jamais. Je fais de belles phrases muettes que personne ne récitera. Même pas moi.
Le juin maussade, froid et placide. Je me cherche à tâtons, l'identité trop légère pour demeurer immobile et, surtout, à sa place.
J'ai relu des mots écrits au mois d'août dernier, les pieds nus posés sur un banc poussiéreux d'auberge belge. Après Kiss et avant toute la vanité de cette année. Des mots que j'avais oublié, des mots qui sont déjà étonnamment désillusionnés. Wilde a dit que "la vie est une grande désillusion". J'avais déjà mis mes attentes au vestiaire, enfin, en apparence. Cependant, dans un mélange d'inconscient conscient, j'espérais. Je disais haut et fort - je le dis encore - "je fais de la photo", "j'écris". Autant d'assertions qui restent à l'état de déclarations et ne se meuvent jamais dans davantage de matérialité. Le verbe agir est lui aussi resté au vestiaire, coincé à côté du bon vieil espoir, non loin des hommes.
Les hommes parlons-en. Hier, il était blond évidemment, il La suite ? Aucune, bien sûr. Il doit être sûrement en couple, ou de passage ou don juanesque. Je ne suis pas tout à fait blasée, pas tout à fait aigrie (ce serait dommage maintenant), seulement très lassée, (mais pas lasse). Alors pour laisser aller tout cet ennui, j'écoute un concerto de Rachmaninov, comme une ballerine russophone qui se languirait de ses chaussons. C'est avant tout le début qui est magnifique, une immense envolée lyrique, un dialogue passionné entre les violons et le piano. La suite est plus timide et n'a pas la superbe du début. Je l'esquive et retourne aux premières notes, qui sont semblables aux gouttes éparses précédant une averse.
La musique me rappelle mon caractère contradictoire. Elle reste un remède efficace contre l'oubli tout en tenant des denrées d'amnésie.

L'été est enfin peut-être là. Le jour met longtemps à s'obscurcir, donnant à voir des tableaux digne de Magritte. En fumant ma cigarette à la fenêtre, je regarde les différents intérieurs de l'immeuble d'en face. Certains sont vides et immaculés, d'autres plein de plantes vertes et de tapis colorés. L'azur du ciel est violacé mais encore plutôt claire et des rayons de soleil s'écrasent dans les salons et les chambres. Malgré ces lignes de lumière naturelle, les gens ont allumé des lampes, créant ainsi une superposition d'éclairages dorés, gratifiant les rayons naturels d'une brillance étrange. Je reste longtemps à regarder, regrettant que mon appareil photo ne soit pas assez précis pour capturer ces détails de lumière. Et puis je quitte mes voisins anonymes, ceux-là même qui n'imaginent certainement pas que j'écris sur une danse de lumières ayant lieu dans leur salon.


Ecrit par ninoutita, le Mardi 22 Juin 2010, 00:38 dans la rubrique Journal qui se veut intime .