Vertèbres
©Ninoutita
Je l'ai vue se transformer comme un peintre regarde une de ses toiles s'abîmer sans être capable de l'en empêcher. Les sourcils, puis les ongles et surtout le corps maigrissant et enfin, les cheveux devenus lisses. Pourquoi ? Ce même pourquoi cogite en moi depuis bien des années, un peu plus de la moitié de ma vie ; sur seulement dix-huit ans, ça fait beaucoup, ça fait trop. Au début, je ressentais de l'inquiétude, je me faisais énormément de mauvais sang à propos de ces métamorphoses souvent dangereuses. Aujourd'hui, le tourment a laissé place à la colère. Je me sens abominablement faible face à ce qu'elle a réussi à faire de son corps. Je me sens lasse, aussi ; et je me répète intarissablement que ce ne sont pas mes affaires. Chacun est libre de disposer de soi comme il l'entend, et ce jusqu'à l'extrême, qu'importe le risque. Cette autonomie me révolte. Sans doute parce que son indépendance altère mon abject désir de contrôle. Je ne peux rien faire contre, je dois absolument abdiquer. Alors je me redis qu'elle est heureuse ainsi, malgré cet effacement de son apparence initiale. Rien ne devrait compter davantage que son bonheur. Même la santé paraît ridicule face à l'accalmie de l'esprit. Se voiler la face et ne plus déclencher de drame. La vie est trop courte pour être parsemée de crises familiales.
J'ai encore été déçue par un blond.
Cette phrase est un mensonge.
La couleur de ses cheveux ne s'apparentait pas à du blond, mais je n'ai jamais su distinguer le blond du châtain clair du brun du roux.
Tous sont blonds, tous ont les lèvres pleines.
Après avoir été encore triste, affreusement triste, tout garçon est une chose laide. Je ne regarde plus, je croise les coudes et reste froide envers et contre tous. Retour à la case départ, je ne ferais plus l'amour sans amour, je redeviens vierge... de tout sentiment. Je vaincrai ma faiblesse et perdrai la vue. Auparavant, mon oeil détaillait la courbe d'un sourire, la forme d'une dent, l'arrondi d'un ongle, le dégradé d'une mèche. Mon oeil est bel et bien décédé après un long préavis de grève baigné dans le chagrin. J'ai pleuré, me suis attachée, n'en parlons plus.
Aujourd'hui, il y a la lumière triste du printemps, la nature aux couleurs ravivées ne parait que plus pâle, effacée ; oui, le printemps est chose triste malgré les mâles qui violent leurs dames entre les feuilles. Le chant des êtres ailés est mystérieux, d'autant plus que je ne parviens jamais à trouver l'auteur des mélodies : j'entends mais ne vois rien. J'ai bel et bien perdu mes yeux mais je finirai bien par recouvrir la vue, avec ou sans eux.
Vous êtes la couleur, le mouvement de chaque colonne vertébrale, je ne peux rester avec vous, cela pourrait avoir trop de conséquences. Laissez-moi paralysée, hypnotisée à vous entendre regarder mes hanches comme si elles étaient belles. La suite est bien trop tragique, emprunte d'un goût aigre sans le doux, quelque chose de tellement vain. Lente dégringolade, mes yeux ne voient plus, n'entendent plus. Ils n'ont jamais rien respiré. Sont maintenant morts. Alors, les bras ballants, zéro et vide interminablement. Le soleil fade du printemps parisien, alsacien ; serait-il semblable ailleurs ? La blancheur de la boule de feu romaine n'est pas plus encourageante, je tremble de froid devant elle. Mais le vent du nord me caresse, et finalement, je ne fais que songer.
Ecrit par ninoutita, le Lundi 26 Avril 2010, 19:11 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Re:
J'ai toujours éprouvé une certaine mélancolie lorsque le printemps arrivait.
Et j'ai toujours fait comme si je n'étais pas trop fan de l'été alors qu'en vérité, j'adore cette saison. Elle me rend libre, et ne se contente pas de donner l'impression.
J'aime aussi beaucoup l'automne. Mais vraiment, le printemps, et surtout l'hiver me donnent le bourdon...
Et j'ai toujours fait comme si je n'étais pas trop fan de l'été alors qu'en vérité, j'adore cette saison. Elle me rend libre, et ne se contente pas de donner l'impression.
J'aime aussi beaucoup l'automne. Mais vraiment, le printemps, et surtout l'hiver me donnent le bourdon...
Très émouvant je trouve. Une sorte d'étrangeté aussi, dans le premier texte. Le deuxième me rappelle ton visage un soir où nous étions toutes les deux et où je n'ai pas su trouver les mots pour te redonner espoir. (parce que j'ai aucun mot je crois, à part ce qu'on me répète souvent "on est toujours seule", pas très jouasse). J'suis contente que t'écrives, je commençais à me dire que t'allais passer le cap des 2 mois si ça continuais, mais ouf, nous avons eu notre écrit mensuel =))
J'aime comment ton écriture murit.
" J'ai pleuré, me suis attachée, n'en parlons plus."
J't'embrasse fort. J'vais sur les quais demain soir mais j'crois que t'es pas à Paris, snifouille.
J'aime comment ton écriture murit.
" J'ai pleuré, me suis attachée, n'en parlons plus."
J't'embrasse fort. J'vais sur les quais demain soir mais j'crois que t'es pas à Paris, snifouille.
Re:
Je crois qu'on se sent toujours très seul, mais que qu'on ne l'est pas réellement. Merci, d'ailleurs, d'avoir siroté un vin blanc ce soir là avec moi, tu m'as sauvé des griffes de mon lit et de ce que j'aurais pu y faire de pas coquin (pleurer comme une madeleine).
J'écris beaucoup à côté, mais c'est très décousu, trop intime. J'hésitais à publier ce texte d'ailleurs. Mais après tout, on n'y comprend pas non plus tout, alors ça me protège. Du coup, je reviens ici. J'ai quand même besoin que vous me lisiez maintenant... :)
Je ne suis pas à Paris, je reviens dimanche.
Hé d'ailleurs, tu es là durant le mois de juillet ?
J'écris beaucoup à côté, mais c'est très décousu, trop intime. J'hésitais à publier ce texte d'ailleurs. Mais après tout, on n'y comprend pas non plus tout, alors ça me protège. Du coup, je reviens ici. J'ai quand même besoin que vous me lisiez maintenant... :)
Je ne suis pas à Paris, je reviens dimanche.
Hé d'ailleurs, tu es là durant le mois de juillet ?
Re:
Pour l'instant oui j'ai rien en juillet, mais j'espère meubler un peu, sinon je vais looser, et quand je loose ça me déprime. Et toi, tes vacances ?
Oui ton texte n'est pas trop personnel. Mais je comprends ton besoin d'intimité. Moi aussi j'écris beaucoup à côté, et puis après je vois mon ptit joueb tout seul et ça m'fait d'la peine =)
Oui ton texte n'est pas trop personnel. Mais je comprends ton besoin d'intimité. Moi aussi j'écris beaucoup à côté, et puis après je vois mon ptit joueb tout seul et ça m'fait d'la peine =)
Re:
Je suis censée bosser de mi-juin à fin juillet si je trouve un boulot... Je reste à Paris a priori parce que le danois avec qui j'avais flirté quand j'y étais vient avec un copain à lui à Paris et parce que j'ai mon projet de théâtre (tu sais le truc où je fais des photos pour le décor) à travailler. Mais j'ai aussi peur d'avoir la loose, beaucoup de mes amis ne seront pas à Paris...
Re:
Bin je vais faire en sorte d'être un peu là alors =) histoire qu'on loose à deux !
Et je prends de tes news pour savoir quand on se voit (avec Disturb ?)
Kisses Sweety !
Et je prends de tes news pour savoir quand on se voit (avec Disturb ?)
Kisses Sweety !
LiliLou
J'aime le printemps. Il est peut être discret délavé mais tellement moins violent que l'été qui me vrille un peu la peau et la vie, c'est un peu trop de force, d'assurance et de chaleur. Mon cœur tend invariablement à l'automne, peut m'importe que cela représente la lente déliquescence de la vie, etc.
Voilà j'ai perdu le fil,
de beaux rêves (car il est tard).