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Cela faisait des mois que le ciel n'avait pas été si bleu

©Ninoutita



Cela faisait des mois que le ciel n'avait pas été si bleu. Il manquait néanmoins tant de choses avant que l'illusion printanière ne reprenne le dessus : le froid rougissait encore les visages, les bras des arbres étaient tristement nus, secs et très peu affriolants.
Tout a passé. Cette simple phrase résume ce dernier mois de février. L'attraction du corps calmée, apaisée même, et les examens. Hier est un peu passée l'angoisse du lendemain. Mon pouls a eu une idée peu commune : diminuer. Il a octroyé des vacances à quelques unes de ses pulsations sans fermer boutique pour autant. Je vis comme dans une image de Gus Van Sant, la lenteur m'engourdit, j'écoute la radio engoncée dans le noir de ma chambre d'enfant. Je bois du café en traduisant l'incompréhensible. Et je tends à pratiquement prendre confiance en moi.


Cela faisait des mois que le ciel n'avait pas été si bleu. Et pour une fois cette couleur lui était très plaisante. Elle en était venue à penser que les feuilles ne repousseraient plus, c'était bel et bien foutu. Pourtant, cette promesse bleue et ensoleillée rendait possible un éventuel retour de la douceur. Il y a toujours cette même prise de conscience quand mars arrive, et la réapparition de tous ces possibles. On se sent plus gai. On le serait presque à vrai dire... dire qu'elle disait que la météo n'influait pas sur ses états d'âme. Elle mentait la larme à l'oeil en hiver, souriante durant l'été. Comme si la dépression n'était qu'une affaire de mauvaise bile. Je ne suis plus au XVIIIème siècle. Ah, vous non plus ?


Cela faisait des mois que le ciel n'avait pas été si bleu. La dernière fois, c'était quand ? Il y a eu du beau temps pas loin de Noël, mais rien à voir avec ce plafond là. Il y en a eu à la mi-janvier, avant les averses, à se promener sur des rails abandonnés en plein Paris. Photographier une bouteille en plein vol, figer son contour vert dans la matière azure, ne plus baisser la tête et simplement entendre le fracas de l'explosion à terre. Mais voilà encore un mensonge ! Malgré la hauteur qu'elle avait pris, malgré sa lente élévation et sa chute précipitée, elle ne s'était pas brisée. Elle était restée intacte entre les deux rails, nous aurions même pu la voir esquisser un sourire victorieux. Souvenir agréable si tant est que la grisaille a repris ses droits, tu étais nu sur mon lit et j'étais tant de vêtements, tu es parti te balader seul et je me suis allongée à l'endroit froissé du drap, l'endroit criblé de plis que ton corps avait rigoureusement dessinés.




Cela faisait des mois que... je tentais en vain de tracer un joli trait d'eye liner au ras de ma paupière, et mes lèvres étaient systématiquement peintes et mes cils étirés. Un chanteur, que je ne connais pas, porte un ersatz ton nom sur des affiches et maintenant, chaque fois que je prends le métro, je repense à toi. Et pourtant cela fait des mois que je n'ai pas eu de tes nouvelles. Je préfère ne pas aller en chercher, de peur que le feu brûle à nouveau. A priori, il est bel et bien mort et malgré de forts ravissements passagers, tu n'es plus que ce que je craignais d'avoir été pour toi : un souvenir plaisant. Je suis un peu cruelle, mais que voulez-vous le temps est une merveilleuse gomme. Son cliquetis écrase les envols du coeur et je lui en suis extrêmement reconnaissante.


Ecrit par ninoutita, le Mardi 2 Mars 2010, 13:00 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
02-03-10 à 18:43

Tu nous adresse une très jolie lettre de renaissance. Même si elle n'était pas pour nous à la base.

 
ninoutita
ninoutita
03-03-10 à 10:11

Re:

Elle est forcément et indirectement pour vous. Sinon je me serais contentée d'ouvrir un nouveau traitement de texte.