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Elle a froid dans le désert
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©Ninoutita



J'aurais dû rester une anonyme, comme à chaque fois. Rester sur le regret, ne pas connaître le remord, même si la curiosité me démangeait.
J'ai grandi il y a deux semaines, ou plutôt muri, en répondant négativement à une invitation de June. J'ai évité l'enlisement malgré l'envie qui me rongeait de le revoir, de fabriquer un nouveau n'importe quoi, une histoire sans lendemain répétitive et infinie, et encore une fois les larmes auraient timidement coulées de peur d'être vues. Mais au moins, elles auraient accompagnée les feuilles dans leur chute, ç'aurait pu être beau mais quelqu'un m'a dit un jour que j'avais l'air de me complaire dans la mélancolie et il faut à tout prix que je lui montre que c'est faux.
C'est dur de se convaincre soi-même qu'il n'y a rien qui cloche en nous quand l'absence de nouvelles masculines semblent dire le contraire.
Il y avait longtemps que je n'avais pas pensé à Romain, j'avais atteint un stade où je n'avais même plus besoin de m'en empêcher parce que sa silhouette ne se profilait plus dans mes pensées. Hier, il est réapparu. Tellement de souvenirs sont réapparus. Un bijou qu'il portait, ses dents toutes petites, son grain de beauté sur la paupière. Des détails.
Hier, j'ai vu une de mes chiennes s'éteindre peu à peu, sa respiration devenir plus lente, elle ne viendra plus me gratter le mollet pour réclamer des caresses, et l'imaginer au fond d'un petit trou dans le jardin, me fait pleurer.
La mort d'un animal est douloureuse, je n'ose même plus imaginer la douleur que j'ai pu ressentir aux décès de quelques uns de mes proches. Un profond vide, le néant, comme si quelqu'un avait éteint la lumière à l'intérieur de soi. Les larmes qui parfois ne coulent même pas, comme si les yeux n'avaient plus la force de pleurer.
Aujourd'hui j'ai peur et mes yeux restent brillants.
L'automne n'avait pourtant pas trop mal commencé, malgré le ciel gris et les visages un peu tristes des gens.
Samedi il y aura sûrement une nouvelle nuit blanche, pendant quelques heures j'oublierai tout ce noir. Mais le dimanche sera désespérant, entre fatigue et tristesse refoulée.
J'aurais besoin de la chaleur d'un cou pour m'y pelotonner.





Ecrit par ninoutita, le Mercredi 8 Octobre 2008, 23:07 dans la rubrique Journal qui se veut intime .