Un premier feux coloré vient briser la sérénité de ce ciel bleu-marine. Puis un autre.... Les explosions s'additionnèrent de plus en plus bruyantes, de plus en plus violentes.
Ils me font l'effet de bombes qui viendraient déchirer notre monde.
Les gens autour de moi semblent hypnotisés par ce spectacle de feu. Ils ont l'air heureux, là, comme ça, la tête penchée vers le haut. En plein rêve. Ils sont en plein rêve. Demain leur rêve ne sera plus qu'une petite poussière parmis tant d'autres. Ils repencheront leur tête vers le bas, ils ne rêveront plus, ou alors moins.
Je regardais les gens quand je l'ai vu. Il ne regardait pas le ciel comme les autres. Lui, il ne souriait que très peu. Lui. Parfois, il baissait la tête, remuait ses doigts de pieds de toute leur nudité dans ses tongs, souriait à une femme imaginaire. Ou plutôt à un homme. Il me rappellait quelqu'un. Quelqu'un que je ne connaissait pas en vrai. Et là, d'un coup, sa tête s'est tournée vers moi. Et je l'ai reconnu. Yellow sandiego. Son nom sur msn. Même sur les photos de lui qu'il m'avait envoyé, il avait ce regard, si brun, si gracieux. Son regard de danseur. Toute l'élégance de ses gestes était dans ses yeux. Si charmant.
Il m'a regardé longtemps avant de deviner qui j'étais. J'ai senti son regard analyser tout mon visage, mon corps, sans trop d'indiscretion.
Et là:
" Ninouuuu!"
Sa voix reflétait son physique. Celui d'un homme. On s'est encore regardé. On était conscient d'être les seuls dans cet océan de gens à ne pas regarder les feux. Ils nageaient en plein rêve. Nous aussi.
"Mais qu'est-ce que tu fais là??"
"Je suis venu rendre visite à mon frère, il habite à Strasbourg"
" celui avec lequel tu t'étais brouillé?"
" Ouais..."
Je me suis sentie stupide, d'un coup. De lui avoir posée cette question. Pourquoi elle et pas une autre?
"Hé heuu? Toujours pas ton bac?"
Yellow Sandiego a paru amusé. C'est vrai qu'il n'avait pas beaucoup de temps pour ça. Il passait la mageur partie de son temps à danser, puis venait son boulot. Il avait quitté sa famille, quand ils avaient appris et il était allé habiter avec son copain. Petit copain. Il avait 17 ans à l'époque. Il passait pour la première fois son bac. Maintenant il en a 19 et il ne l'a toujours pas. Il a arrêté le lycée. Il ne se consacre plus qu'à la danse, à son homme, comme il aime l'appeler, et de temps en temps à son travail de serveur.
" Non toujours pas!"
Ces deux phrases c'est un peu "nos répliques", et comme de vrais commédiens, on les apprend chaque année, depuis trois ans, au même moment, à la même époque. A la fin de l'année. Au début de l'été.
On a encore parlé, jusqu'à ce que le feux d'artifice s'arrête. On s'est dit aurevoir, tout heureux de s'être rencontré au moins une fois. Ca ne sera surment pas la dernière. Un jour, je sais, que je verrais son nom sur l'affiche. Il sera le danseur étoile. Je suis sur qu'il est doué. Il m'a donné goût à la danse. J'ai essayé de faire comme lui, de faire vivre mes mouvements, mais...je ne suis pas douée. Y-a-t-il réellement un domaine où je suis douée? Y-a-t-il un domaine où j'ai un don?

En rentrant, j'ai cru que ma famille allait me demander qui était le jeune homme avec qui je parlais. Mais personne n'avait rien vu. J'en suis venue à me demander si je n'avais pas rêver...

Vers 23h30, je me suis enfermée dans ma chambre. Dans mon monde. La chaleur ralentissait chacun de mes gestes. La chaleur tièdasse, humide, de la nuit.
Je lui ai décris cette chaleur. Je lui ai écris mes peurs de la décevoir. Je lui ai écris comment je percevais le 14 Juillet, ma manière à moi de le voir. On s'est tenue une sorte de promesse, non? J'espère qu'elle la tiendra.

Ce matin, j'ai eu un e-mail.
" J'ai était super content de te voir!"
Alors ce n'était pas un rêve...