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Le rêve à l'envers
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©Ninoutita



J'en suis venue à penser tout bas en italien ou en anglais, ou même les deux en même temps, la pensée fluide et secrète, emprise de désir pour un corps que je doute de revoir rapidement. A Florence, j'étais quelqu'un d'autre mais profondément moi, un mélange bizarre entre impolitesse et timidité, il me trouvait "so sweet" et aime mes cheveux.
Pourquoi cet imparfait qui vient embrasser le présent, je n'en sais rien, il y avait certes la barrière de la langue, mais l'anglais vient nous sauver, ou alors, les baisers... Quand les mots en anglais viennent à me manquer, il se plie en quatre pour distinguer mon français et je détache chaque syllabe l'une de l'autre, langoureusement sans m'en rendre compte, et si il ne comprend toujours pas, je trouve un équivalent en italien qui finira par prendre en forme dans son esprit et permettra à notre conversation de se poursuivre.
Je l'ai rencontré par hasard, ne m'étant pas fait d'amis dans l'école (la plupart des gens venaient entre amis et non pour faire de nouvelles connaissances), je mangeais toute seule le midi. Cette solitude me plaisait, j'ai écrit des pages et des pages d'un carnet qui s'avère être mon premier vrai journal intime parce que pour la première fois, je ne me détestais pas en me relisant. J'étais simplement en tête à tête avec cette fille qui est moi et malgré ses commentaires parfois emprunts de niaiseries, je m'acceptais.
Enfin, toujours est-il que j'aimais assez cette solitude dans l'étranger, les italiens qui me parlent en baragouinant très rapidement car ils ont la certitude que je les comprendrai, italienne comme j'ai l'air. Et puis un certain jeudi 24 juillet, je m'assieds à l'ombre sur les marches de Santa Croce pour écrire à la seule qui m'appelle Louki et l'envie d'une cigarette me prend. J'en demande une à un garçon blond qui n'a pas l'air italien pour un sou. Il me propose une roulée, je décline son offre parce que je ne sais pas du tout m'y prendre avec ce genre de cigarette. Sur ces mots, il me la roule. Peut-être une des meilleures cigarettes de ma vie.
Maintenant je dois avouer qu'en m'asseyant pas loin, je m'étais déjà fait la réflexion que ce grand blond souriant était charmant. A côté de lui est assis un ami à lui, le bras gauche couvert d'un tatouage coloré, une casquette vissée sur la tête, un anneaux aux lèvres et le regard profondément gentil.
Pendant que la cigarette se consume, nous faisons connaissance, j'apprends qu'ils sont allemands de l'est, qu'ils prennent des vacances ici après avoir fait un bon tour de l'Italie avec un groupe italien dans lesquels ils étaient guitariste et batteur. De mon côté je raconte mes cours d'italien, d'histoire de l'art et surtout de photographie. Les heures passent, je rate mon cours d'histoire de l'art parce que je préfère aller boire une bière espagnole en Italie avec deux allemands tout en discutant en anglais. Je me suis jamais sentie tant européenne que ces jours-ci. Le lendemain on se donne rendez-vous même heure, même endroit pour aller au musée ensemble.
Je finis par rentrer dans la campagne Toscane où je loge, le sourire indécollable, le cerveau qui déborde de questions à leur poser et déjà un peu trop de sympathie pour l'un d'eux, celui qui m'a roulée la cigarette et qu'ici j'appellerai Kiss (surnom nunuche à souhait mais qui à un rapport direct avec son nom). L'autre sera Sach.
Quelques minutes avant le rendez-vous, j'ai peur de ne pas les apercevoir lorsque j'arriverai devant Santa Croce et mon coeur se gonfle de... je ne sais pas de quoi au juste, lorsque je les aperçois, fidèles au post.
L'après-midi qui suit nous entraine dans les rues de Florence, nous marchons pas mal sous une chaleur écrasante, on se taquine énormément pour des individus qui se connaissent seulement depuis un jour, on déambule devant les grands noms de la Renaissance, Raphael, Caravage, Pérugin, beaucoup sont là.
La journée se termine sans la certitude de se revoir parce qu'ils ne reviennent à Florence que le lundi soir pour passer la soirée dans une parc avec des concerts et des resto, et je ne suis pas encore sûre de pouvoir y être.
Finalement nous nous retrouvons le lundi soir. J'ai beaucoup pensé à Kiss durant le week-end et à tout ce qui m'a raconté. Il m'a confié des évènements qui ont fait de lui quelqu'un de spécial, un garçon à la fois très adulte et enfant. J'aime sa personnalité divisée entre tendre folie et un sens aigu des responsabilités. Et puis malgré son physique qui pourrait se révéler être le cliché plus du Danois que de l'Allemand, j'adore ses yeux noisette qui sourient, sa bouche qui semble toujours sur le point de s'étonner, d'être surprise, de dire "ooooh" et son nez qui ressemble tant à celui de mon cher Damon Albarn (ahaha). Quand je vois sa longue et fine silhouette s'avancer vers moi, je suis à peu près sûre que cette soirée va être agréable. Très agréable même. Il est très très grand et je me sens minuscule lorsqu'il me prend dans ses bras pour me dire bonjour. Il me présente une amie italienne qu'ils ont rencontré quelques jours avant moi. Cette amie nous présente ses amis et nous allons manger, puis boire et enfin danser. Je ne sais pas si c'était l'alcool, la chaleur ou simplement lui, mais nos corps se rapprochent de plus en plus pendant qu'on danse.
(Oh Romain je ne t'oublie pas, c'est toi qui m'a fait tellement apprécier les garçons qui savent danser sans que leur corps paraisse encombrant. Mais je t'aime moins je crois, les souvenirs quand j'étais la première semaine dans le Sud ne m'ont pas autant brisé que la dernière fois, ils m'ont arraché plus de sourires que de larmes.)
Les baffles crachent des morceaux populaires, dansant et laids mais à un moment, je crois que lui autant que moi n'en avions plus rien à faire. Je n'étais plus que mouvement, sueur et désir. C'est sur les notes d'une techno house inaudible qu'on a échangé le premier baiser. Ensuite après avoir acheté des bouteilles d'eau, il m'a emmenée dans un parc silencieux et immense où on s'est embrassé sur l'herbe aride et où j'en suis arrivée à la conclusion que je passais d'extrêmement bonnes vacances.
Enfin j'ai dû partir. Dans la nuit je reçois un sms adorable de sa part. Il me promets de m'écrire un e-mail. Je tombe malade la même nuit. Le ventre douloureux et la tête brûlante, je crains d'être retombée dans le même cercle vicieux que deux années auparavant.
Deux jours plus tard, j'ai les idées plus claires et il m'a envoyée un e-mail. Je lui réponds tant bien que mal, la chaleur est telle à Florence que c'est la ville la plus chaude d'Italie ce jour-là.
J'arpente la ville avec mon prof de photographie que je juge d'abord trop vaniteux, trop dragueur, trop cliché italien. Finalement, nous apprenons à nous connaitre et nos conversations entre deux photographies n'ont rien à voire avec un shutter ou l'apperture (j'ai pris mes cours de photographie en anglais-italien du coups je ne connais pas le vocabulaire français qu'on utilise pour la photographie). Il me paie une glace au citron que l'on mange dans l'université de sciences naturelles et je lui raconte un peu de June. De son côté, il m'expose ses petites théories quant aux choix de mariage que font les femmes. Je me fous un peu de sa gueule, on se gondole et il y a un certain german boy dans un coin de ma tête. Hier dans la nuit, je quitte Florence pour revenir à Strasbourg. Je vais peut-être revoir Kiss à Paris fin août, mais malheureusement rien n'est encore très concret. Mais vous savez quoi ? Nous aviserons.


Alors salut Florence je t'aimais bien malgré tes touristes encombrants et ton asphalte brûlante, je t'aimais bien avec tes rencontres inattendues, tes mâles à lunettes qui sifflent les filles dans les rues sans aucune impunité, ta renaissance époustouflante, ton réseau inexistant et tes vendeurs ambulants, tes bureaux de tabacs où il est possible de s'assoir cinq minutes pour déguster un caffè, la couleur chaude de tes murs et tes cinq bouteilles d'eau glacée que tu me fais acheter quotidiennement.





Ecrit par ninoutita, le Vendredi 1 Août 2008, 15:59 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

aphone
aphone
02-08-08 à 16:41

Les heures passent, je rate mon cours d'histoire de l'art parce que je préfère aller boire une bière espagnole en Italie avec deux allemands tout en discutant en anglais. Je me suis jamais sentie tant européenne que ces jours-ci.


Aaaaaaaaah tu me fais trop envie =)

 
ninoutita
ninoutita
02-08-08 à 20:37

Re:

Et en y repensant, je me fais trop envie à moi-même.
J'attends son e-mail, le temps se fait long.