©Ninoutita Je n'arrive pas à me taire.


J'ai chaud, j'ai froid dans la lumière d'eau de ma chambre. Je lis, j'écris, je passe mon temps à éviter de penser trop, je photographie aussi.
Le déluge laisse place à une sale amertume qui envahit ma bouche; en fait tous mes sens. J'ai changé de musique, j'écoute quelque chose de moins gai c'est sûr, mais quelque chose qui ne me rappelle rien.
Même le mois de Juin participe à mon essai d'amnésie en se prenant pour octobre. La pluie, le vent, la fraîcheur : tout y serait si les feuilles n'étaient pas si déterminées à rester vertes.
Les muscles me tirent, surtout au niveau des cuisses. J'ai voulu pédaler trop vite en partant de chez lui, m'envoler très haut, bien haut et ne plus réfléchir. Je le revois bientôt et je sais d'avance que ça ne sera de toute manière pas concluant. Je déteste son ivresse, même si elle lui sied à merveille.
Je suis profondément déçue de moi.
Je le reverrai encore deux fois, pour travailler, et ce sera fini. Je ne le croiserai plus que pendant les concerts.
Et là j'ai affreusement mal alors que je ne me suis pas jetée à l'eau, on a juste bavardé à propos du bac, il était terriblement beau lorsqu'il est allé à sa fenêtre pour fumer, que le ciel derrière lui était teinté d'un lourd blanc et qu'il me parlait en contre-jour avec un air sérieux, trop adulte que j'aime et n'apprécie pas du tout en même temps.
Il a fait du thé, il y avait de la musique et de l'encens. Une belle lumière d'eau comme celle dans ma chambre aujourd'hui.
Il devait pleuvoir, au lieu de ça j'ai pleuré des heures après qu'on se soit vu. S'il savait, je pense qu'il serait vraiment surpris. Et je crains qu'il penserait que je suis décidément trop jeune pour lui.



Est-ce que j'aurais un jour le droit à une vraie réciprocité ? Il n'y pas d'amour heureux, peut-être, mais je serais très bien capable d'être heureuse si ça ne se passait pas toujours ainsi. J'ai l'impression d'être horriblement immature, je me suis fait tant d'idées à partir de l'interprétation de ses mots. Ils sonnaient pourtant clairs.
Je suis enthousiaste, je ne savais pas que ce trait de caractère pouvait se révéler être un handicape. Au fond de moi j'ai toujours su, depuis un an, que c'était une relation impossible. Mais quand l'autre revient vers vous, je ne sais pas moi mais je m'y jette à corps (semi)perdu. Je ne connais que peu la retenu quand une personne m'attire depuis longtemps ou m'attire vraiment. Il y en a eu deux. Il est le troisième et c'est encore une fois mal partie. J'arrête là, je commence à dévoiler des parcelles qui n'ont rien à faire ici et qui font me sentir, à la relecture, juste pathétique.