Il y en a pour qui c'est simple.
©Ninoutita
Désolée ma petite Aphone mais ce soir, je ne peux être que mystérieuse. J'ai besoin d'écrire, j'aimerais déverser ici tout ce que contient mon coeur de doute. Depuis hier, mon ventre alterne salto et pincement, je n'arrive pas à me décider, enverra, enverra pas ? C'était une blague ou non ? Tu étais ivre, tu ne t'en souviendras sûrement pas, ou alors nous travaillerons vraiment, tu ne m'effleureras pas et je ressortirai de chez toi les larmes aux yeux d'avoir trop espérer. J'écoute en boucle l'album de MGMT depuis que je suis rentrée hier, déjà dans le train il résonnait dans mes oreilles, hier j'étais plus heureuse, je ne pouvais pas encore prendre un peu de recul. Une journée entière s'est écoulée, vingt-quatre petites heures, dans cinquante minutes j'enverrai un texto ou je ne l'enverrai pas, le doute persiste dans chacune de mes pensées. Je dramatise sans doute l'évènement, mais comprenez moi, ça fait un an qu'il trotte dans ma tête, il arrive même à virer Romain de mon coeur. Déjà sur la péniche, il y a quoi ? trois semaines ? Un mois ? Je ne m'en souviens pas mais le souvenir persiste. Il n'avait pas daigné m'adresser la parole ou seulement quelques mots dans le minuscule escalier, je montais, il descendait, mon coeur battait, c'est ridicule. Elles voulaient dire quoi toutes ces allusions à propos de l'âge, à ce couple qui a pu lui, il n'a pas attendu qu'elle ait passé son bac mais ensuite ils se sont mariés, pour que les autres y croient autant qu'eux. Oh, je n'imagine pas encore de mariage, bien sûr, mais cette histoire me donne de l'espoir. Mais les autres, toujours les autres !
Je mets la charrue avant les boeufs. Je vais essayer de lui envoyer un texto, je me le promets, qui ne tente rien n'a rien n'est-ce pas ? Il m'a tendue une perche, autant l'empoigner, ne pas hésiter. Et s'il ne se passe rien ou pire, s'il refuse, j'aurais essayer, il y en aura d'autres, ce sera une déception amoureuse en plus mais qu'importe, je commence doucement à avoir l'habitude. Je n'essaie jamais, je reste muette, planquée dans mes rêves qui ne sont pas incroyables ni extraordinaires. Ils sont terriblement faisables mais je les laisse au stade de l'inconcevable. Je suis bête.
Mais il était ivre, voilà ce que je me répète à chaque fois que je viens à trop y croire, voilà ce je me dis et c'est comme un coups de poignard qui vient crever mon coeur. Et puis ce couple là, que je viens d'évoquer, la différence était peut-être moins importante. Je n'ose pas vraiment poster cet article, je me sens tellement pitoyable, je redoute le regard de ceux qui me connaissent, mais avec un peu de chance ils ne liront pas ces mots. En plus, si je le redoute tellement, pourquoi le poster ? Parce que j'en ai envie, je voudrais des encouragements, des phrases naïves qui gonflent l'égo et redonnent de la force. Moi aussi je voudrais regarder derrière sans remords. Déjà, j'enlève MGMT, mais lorsque je change c'est encore pire, c'est une autre musique, c'est la sienne. Je vois la manière qu'il a de placer ses jambes lorsqu'il joue, une manière arquée. Je vois la manière dont il me demande si je retourne aux eurockéennes cette année, avant d'avoir enchaîné les bières. La manière dont il me demande si j'ai un plan pour mon bac. La manière dont je n'y comprends rien, il est déjà bourré, ça doit être ça. Je réponds que je lui ferai signe. Faut-il lui faire signe aussi promptement ? Je lui écris ce soir ou dans une semaine ? Je ne lui écris pas ? Je n'arriverai pas à me retenir, c'est sûr. Mais si je le fais, je dis quoi ? Il y a déjà le texto final dans ma tête, je n'ai plus qu'à redonner un peu de souffle à mes mains et à envoyer.
Je n'ai plus qu'à me lancer.
Ecrit par ninoutita, le Samedi 31 Mai 2008, 21:11 dans la rubrique Journal qui se veut intime .