© Ninoutita


Les impressions à fleur de peau. J'ai traversé la ville à cinq heures du matin, les rues étaient enveloppées dans un bleu profond, j'ai vu les lampadaires s'ét(r)eindre et quand tous les petits soleils orangés disparaissent, la ville ressemble à la mer.
Le champs près de chez moi était recouvert par un brouillard surréel, les mots me manquent.
Verlaine a dû le décrire, ce crépuscule du matin, l'aube silencieuse dans laquelle la nature respire plus fort, le vélo ronronne et l'humidité se parfume.
Je suis seule dans la rue, mais ce n'est pas la solitude des grands boulevards entourée par le tourbillon des klaxons, non, c'est la solitude qui calme, qui apaise, qui repose. Si je n'étais pas si fatiguée, je pourrais réfléchir, là, sur mon vélo. En attendant, je fredonne pendant que les oiseaux matinaux hurlent en sourdine. Quand j'arrive, la maison dort, je tatonne dans le noir jusqu'à mon lit, mes paupières se ferment instantanément. Voilà je dors, je suis la bienheureuse du petit matin. Ma dernière pensée est pour Antigone.
Trois autres ont dû faire de même, nos gestes se sont sûrement superposés à quelques minutes d'interval, sous des couettes différentes, dans un autre corps.

J'ai passé une vraie bonne soirée. C'est pendant ces nuits-ci que je déclarerai encore une fois qu'il en faut peu pour être heureux. (Bien sûr, l'image d'un bon gros ours rigolard s'insinue dans mon esprit après cette marvelous citation.)

J'aime bien ce genre de nuits blanches passées à se déregler doucement les sens, se déregler l'essence même de ce que je suis pour mieux l'exploiter ensuite. Et dire n'importe quoi, et en rire. (Et gagner le prix du psychologue le plus incompétent. On pourra dire ce qu'on veut, j'ai un prix, je suis fière.)


Aujourd'hui dimanche, les heures s'allongent et j'ai entendu de la belle musique. Je suis admirative de A. J'aime mieux Matisse qu'il y a un mois, mes paupières sont lourdes, j'ai des perles brunes contre mon coeur et je ne sais pas quoi en penser. Bonne nuit.





© Ninoutita