La joyeuse dépressive ou la dépressive joyeuse ?
© Ninoutita
Elle force l'admiration.
Je n'ai plus de force.
C'est en m'endormant îvre que je voudrais seulement être loin d'elle et ne pas me briser entre ses bras. Sans doute parce que je succomberais peut-être. Et je ne veux pas, je me l'interdis formellement.
Autour de moi, des relations, pire que des cordes, se nouent et se dénouent, ça pue le temps perdu.
Antigone veut tout, et tout de suite; moi je ne veux pas de tous ces riens, mon temps est précieux et je ne veux pas le perdre. Nous sommes jeunes, oui mais autant ne pas trop sombrer dans des demi-erreurs qui n'accablent que quelques pauvres jours.
Parfois il me semble que je joue un jeu.
Que tout le monde joue.
Même le plus spontané des individus. Lui aussi sous son air de franchise pure, il joue. Peut-être est-il seulement plus talentueux qu'autrui pour cacher ses pions sous des phrases aux accents irréfléchis.
Alors toi aussi, tu joues, la nuit dans un lit avec une fille, l'alcool et ta chemise blanche, tu mélanges les cartes, tu mélanges tes membres à celui de l'autre.
Le jour c'est comme une violente trêve, tu te prends la fille du soir en pleine face, sa lumière t'éblouit et viennent les non-dits presque muets, quasi hurleurs.
J'ai tant brûlé de mots, majoritairement les miens et puis ceux de Romain, tous jusqu'à la plus petite dernière goutte séchée d'encre noire.
J'éprouvais une certaine libération à craquer l'allumette et à assister à la formation d'un petit tas de cendres grises.
J'aimais entreprendre ce genre de feu de tristesse libératrice au début du soir, quand les cieux n'étaient pas encore tout à fait noirs.
Hier, j'ai fait flamber des mots de rage, tout un bordel de feuilles blanches gravés d'auto-abhorration et toute cette fumée en vain. Aucune paix, pas le moindre calme n'a envahi mon âme.
L'agitation et le dégoût étaient tellement enfouis en moi-même, hors d'atteinte que je paraissais de bonne humeur de l'extérieur.
Personne n'a rien vu, ni entendu, elle a juste lu.
Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui partage un peu de ma perdition ?
Et aujourd'hui, ma nuit d'hier semble être un mauvais rêve.
J'ai un mauvais penchant pour le lunatisme. Qui s'aggrave l'hiver, disparaît à l'automne et au printemps mais revient au galop dès que le mois de juillet pointe le bout de son nez.
Sauf qu'il n'arrive que dans trois mois et que j'en suis déjà à brûler du papier. Prochaine étape, une ville entière ?
Alors, bientôt deux ans. Déjà ?
Oui, déjà.
Elles sont loin ces nuits d'été, mon corps moite, ton corps frais.
Tu avais toujours froid, j'ai souvent trop chaud. C'était le signe stupide d'une complémentarité qui n'allait durer qu'un laps de temps.
Les feuilles sont tombées, accompagnées de mes larmes.
Ce fût le grand saut, la chute durant laquelle je n'ai pas vu ma vie défiler, simplement l'image de ses yeux qui se fermaient.
Juste quelques secondes.
Je n'en parle plus mais je ne comprends toujours pas.
Je suis passée par tant d'étapes pour revenir au début.
Alors tu vois, tu n'es pas seule à être plongée dans un schéma hideusement récurrent. Nous avons tous nos cercles vicieux, moi c'est lui.
Je n'ai pas envie d'arrêter cet article. J'ai besoin d'écrire encore et encore, de ressusciter toutes mes phrases brûlées et de les prononcer. J'ai pensé m'acheter un magnétophone, mais le plastique crâmé a une odeur qui colle aux narines et aux vêtements.
Dans ce cas je reste aphone.
Dans d'autres, j'hurle mes petites dépressions, j'hurle mes joies; je vis, je bouge, et c'est déjà beaucoup.
Ecrit par ninoutita, le Vendredi 9 Mai 2008, 15:38 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Nini, j'ai pas eu le temps de lire l'article (just a bit pierre anglaise suis-je) mais je tenais absolument à te dire que je trouvais tes photos magnifiques !
oh fatch ! (si c'est mal écrit personne m'en voudras, si ?) j'ai pris la même photo (la prem's) ! si ça s'trouve le même jour vu qu'apparement on y étaient en même temps, si ça s'trouve exactement au même endroit, et si ça s'trouve on a dit les même mots à ce moment d'intense émotion (t'as quoi comme appareil ? moi c'est un fujifilm S5800) ! sauf que moi elle est toute grise et pas acidulée comme la tienne façon genre pub de bonbon...
YO MEUF
charmente soirée en ta companie ça manquait je dois dire!! :)
j'espère que t'es bien rentrée et que tu t'es pas fait tué puis violer par un vilain nécrophile des bois...
mille bisous ma chère.