© Ninoutita
Mercredi c'est l'arrivée, je roule dos à Paris mais je la sens toute proche, son souffle dans ma nuque fait grandir en moi le désir d'y être enfin et puis le train entre en gare, ça y est.
Les quais me font indéniablement penser à elle, à ces trois fois où elle m'a passée son ticket pour que je le composte avec un geste faussement professionnel.
Mais c'est loin tout cela, j'aperçois Safia au bout, et j'imagine bien que j'aborde le même sourire qu'elle, celui des deux complices à nouveau réunies.
Brûlante, hâletante, trépidante.
J'ai commencé cet article lundi, mais vraiment, ces cinq jours parisiens ont déjà commencé à remplir les pages de mon petit cahier aux deux petites filles, deux petites filles peintes par Schiele qui font la couverture de ce carnet dont la plupart des pages sont vierges.
Ce que j'y ai fait est inscrit, parfois dans l'ordre, souvent dans le désordre, loghorrée (péjorative) sur l'exposition Louise Bourgeois, apologie du mojito même à plus de huit euros, rencontre au pas de course, assister à une représentation dePlatonov dans un minuscule théâtre de l'île Saint Louis et penser à Aurélien, fameux héros d'Aragon, pur fantasme pour moi, et le jeu des acteurs absolument juste, et les friperies décevantes, et comme j'aimerai encore y être, pouvoir encore plus vivre dans le rythme effréné de la capitale, m'en remplir l'âme jusqu'à la prochaine fois et à la revoyure, comme on (a) dit. En attendant je m'en grille une... qu'importe la ville, l'important c'est la personne en face. Safia.
J'ai aimé m'attarder entre les tombes du Père Lachaise ou rester longtemps assise sur un banc, à St Michel, la cathédrale derrière nous.
J'ai aimé le concert de jazz, j'ai aimé savoir que j'ai un sosie.
Et pourtant, malgré la mélancolie du retour, Strasbourg m'est apparue à nouveau toute ensoleillée, toute calme et elle brille ces temps-ci, les quais (sans "e", pourquoi ?) sont envahis à n'importe quelle heure de la journée par des lycéens, étudiants, vagabonds et junkies, je ne me situe nulle part, je devrais cependant. La première catégorie est mienne, rêvons un peu et devenons une poussière de soleil, un peu de pollen allergisant ou simplement un mégot vaguant maladroitement dans l'eau polluée.
Les moutons de pollen en fusion avec la lumière printannière me rappellent Le tombeau des lucioles lorsque le frère et la soeur vivent dans une petite grotte, avant qu'elle tombe malade, avant la mort, après une autre.
J'aurais aimé être le joint entre tes lèvres, tu n'es personne puisque tu es tout le monde, jeune pas jolie, vieille magnifique, jeune homme aux désirs trop assouvis, prépubère novice.
J'aimerai mieux comprendre ce qui fait qu'on est là, ce qui fait qu'un jour un arbre a poussé puis deux puis trois et en voilà des milliards.
C'est vrai que je raconte un peu n'importe quoi, je perds le fil, les mots jaillissent, ils sont drôlement décousus. Je me demande s'il y a des gens dont je ne soupçonne pas l'existence (ou si, mais pas celle-là, celle ici) qui viennent lire ces phrases, j'en doute. En tout cas moquez-vous ( ou toi, au cas où je sois la seule personne à me relire un an après avoir conté ces élucubrations) de mon penchant pour la philosophie de boulevard. Par exemple sur un banc, Maria mangeait une glace, un clochard imbibé d'alcool lui a fait un cour sur le Québec, "ils ont vendu la Louisiane à un milliard". Sauf que ce n'était pas la Louisiane, sûrement l'Alaska, on pourrait faire une publicité préventive sur les dégâts de l'alcool : dire qu'il nous fait oublier des informations que l'on savait par coeur avant, griller des cases comme j'en grille "une" et tout ce sombre dessein se construit dans notre dos tout en nous détruisant dans le ventre. Pas logique tout ça. J'en parlais parce que j'aime ce genre de discussion, bon là en l'occurence ce n'était pas de la philosophie, seulement un concentré d'histoire et géographie et de vinasse, sûrement, aussi.
J'ai envie de geuler à brûle-pourpoint "à brûle-pourpoint" et puis j'irai travailler, le bac approche et je ne fais pas grand chose. Alors j'y vais, étudier sous le soleil, se donner bonne conscience tout en étalant les jambes encore blanches de l'hiver, écrire quelques mots censés et s'en aller boire un mojito, à six euros cette fois.
©Ninoutita
Commentaires :
Re:
t'sais comme la pas douée que je suis j'ai encore oublié ma carte d'identité alors que j'étais à la fnac pour refaire ma carte d'adhérent. Et prendre une place pour le concert de Nneka.
J'aurais aimé que tu puisses la voir en concert, c'est puissant.
brrref bons mojitos (chanceuse va!) et courage pour le boulot
hasta la vistaa
Moi je viens lire ce que tu écris dans ton antre. On se connait un peu, on à passé quelques aprés-midi ensemble lorsque nous étions pré-ados. Au moment ou ta maman avait un atelier dans la zone. Peut-être que tu te souviens, ou peut-être pas. Peut-être aussi que ce que j'écris est décousu, mais soit. Bien le bonsoir inés. Et à la revoyotte comme on dit...
Anaïs
Re:
Bien sûr que je me souviens de nos après-midi, j'y repense assez souvent d'ailleurs, et ça me fait toujours plaisir de te recroiser, même si c'est à chaque fois très brièvement !
Slu, c'est mwahaha !
Je te lis depuis deux ans et demi et tu ne le savais pas ? Ahlala !
Alors il faut que je l'avoue, même si je reste dans l'ombre : tu as la plume créative (si j'ose dire).
Quoique trop d'alcool, de sucre et de fumée dans ta vie. J'aimerais te voir avant l'irrémédiable.
Re:
En tout cas, tu suscites mon intérêt, je n'arrive pas vraiment à voir qui tu pourrais bien être.
Joli pseudo.
C'est fou ce que le monde est petit. Moi aussi, je pense réguliérement à nos aprés midi. Un jour peut-être (si le temps ne vient pas à nous manquer et que l'envie nous prend) pourrions- nous prendre un café. Ou se rendre dans un petit parc afin de discuter. En tout cas, j'aime beaucoup ce que tu écris. C'est toujours un grand plaisir de te lire. A bientôt qui sait, peut-être pour une soirée de débauche, parfumée d'alcools, de fumée et d'été?.
Re:
Tiens, tu me passerais ton e-mail ? pour ensuite qu'on puisse s'échanger nos numéros peut-etre :)
aphone
J'me suis tappée la honte sur Facebook, j'ai trouvé Manzin et je suis allée voir dans ses amis, et y'avait une Nina qui te ressemblait à fond, alors je lui ai dit "COUCOU NINOU C'EST MOI", mais en fait c'était pas toi, elle avait 25 ans, et puis même, si j'y réfléchis bien, ton prénom à toi c'est Inès, pas Nina, soyons pas con. Voilà Facebook ça pue du cul.
JE VEUX TE VOIIIIIIR !