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I'll come running to you, Honey (when you want me)
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© Ninoutita



Militant, gladiateur, cosmopolite, arriviste obstiné.
Brûlant le sol par son pas assuré, les violentes poignées de main qu'il donnait désavisées ses co-équipiers.
Il a fini par mourir d'orgueil.
Elle l'avait toujours prédit cette mort fière, mais sans doute aveuglée, brillante sauf quand il s'agissait de s'affirmer devant lui, elle avait reculé devant son assurance nonchalante et puis sa manière bizarre d'assurer que tout était à lui, et surtout elle.
"Gee, t'es enfin libre", qu'ils avaient dit ses amis, une semaine après l'enterrement pour ne pas paraitre quand même trop déplacés. Alors petit à petit sa face toute fermée s'était rouverte, l'esquisse d'un sourire avait déchiré ses traits cousus par une profonde tristesse. Tout en elle s'était agité. Elle est devenue militante à son tour, voulant dévoiler au monde la face du... monde ? Mais elle se perdait dans des discours qui faisaient bailler l'assemblée.
Découragée, abusant de jack daniel's, elle parlait à un inconnu qui la trouvait un peu fatiguante sur les bords. Il avait essayé maintes et maintes fois de l'éviter quand il la voyait arriver au bar mais en vain, elle accourait à chaque fois vers lui, voyant en sa personne un ami fidèle, pas contraignant puisqu'elle ne savait rien quant à sa vie. D'ailleurs son nom, c'était quoi déjà ?
Je sais qu'on pourrait se demander pourquoi cet inconnu n'est pas allé à l'aviateur, le bar d'en face. On pourrait. Mais à vrai dire, ça n'a pas beaucoup d'importance. L'important, si on peut considérer que ça l'est un minimum, c'est qu'il restait là, à écouter cette femme à moitié folle mais du coups à motié lucide aussi. Une femme qui lui communiquait ses états d'esprit lunatiques, son besoin d'amour, ses problèmes de fille, ses coups de gueule quant aux hommes qui ont plus de pouvoir que les personnes de son sexe, un millier de banalités en somme. Même si j'ai une légère tendance à l'exagération, elle lui a vraiment raboté l'oreille avec beaucoup de conneries, mais des conneries qui ne manquaient pas d'une certaine malice de temps en temps et parfois même des surprises pleines de bon sens.
L'inconnu (en fait il s'appellait Alfred, le prénom qu'avait porté avant lui son père et son grand-père, et son arrière grand-père et ainsi de suite), Alfred donc, a même, au bout d'un moment, trouvé ses monologues sans queue ni tête doux à l'oreille. Il devenait de plus en plus attaché à ce petit bout de femme nerveux et égocentrique et, bien qu'il n'est jamais été un mec susceptible (à part quand sa vieille maman lui a dit de foutre le camps de la maison), il était un peu vexé qu'elle ne lui pose jamais de questions. Alors un mardi, il était dix-neuf heures, elle sortait du boulot, exténuée comme elle le disait chaque soir sauf dimanche et jour de fête évidemment, il est allé vers elle. Je sais que ça peut paraître complétement ordinaire mais il n'en ai rien quand on sait que c'était toujours elle qui venait à sa rencontre. Pas une fois il avait daigné quitter le comptoir pour la saluer, pas une. Et là, hop, en un saut il marchait vers elle, du rouge dans une main, du jack daniel's dans l'autre, un sourire en coin, le regard avenant.
Il n'y a pas eu de question. Elle a fait comme si elle ne l'avait pas vu. Un drôle de rictus a déformé le visage un peu rougeaud d'Alfred. Il a ravalé ses larmes, mis de côté la honte et est sorti du bar pour faire comme si un ami l'attendait au dehors. Sauf qu'il a traversé la rue, pris le trottoire d'en face donc, est passé devant l'aviateur, a arpenté le grand boulevard qui vient peu après, marché, marché, marché puis a stoppé net. Il tenait toujours les deux verres en main. Son verre de rouge était plein, celui de whisky complétement vide.
Elle avait perdu, tout fait rater, encore une fois.
Elle ne le reverra jamais, ce bon vieux à la cinquantaine douce.
Et elle mourra d'orgueil comme son mari, dix ans plus tôt.
Parce que oui, tout ce manège avec l'inconnu avait duré dix ans, dix ans de rouge et d'ambre, dix ans de moulin à parole et de silence.
Du gâchis, en somme.
Je dirai juste, pour finir, à qui la faute ?





Ecrit par ninoutita, le Dimanche 23 Mars 2008, 21:38 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

Eliath
25-03-08 à 21:08

Je l'écris ici, parce que je ne peux pas le faire (un bug?...) dans ton dernier article.

... lorsque tu n 'écriras plus, comme tu l'imagines, eh bien, tu me manqueras.
Parce que c'est peut-être un peu bête à dire, mais au fil des mois, c'est fou comme ton écriture a grandi, et c'est fou comme je m'y retrouve de plus en plus. Comme il y a des tas de choses que j'aurais pu avoir envie d'écrire, comme j'aime ta manière d'écrire juste parce que tu as envie d'écrire, tous ces trucs en vrac qui passent par ta tête, sans 'raconter', mais juste en 'disant'. Ouch, je ne sais pas si je suis claire...
En fait, j'aime bien ici, parce que je l'impression que c'est toi. Même si je ne sais pas qui tu es, d'une certaine manière...

Bon, si t'as rien compris, zut alors.
Mais j'espère que mon message d'enthousiasme pour cette Ninoutita que je ne connais pas est passé.
Voili voilou.