Qu'à un fil
© Ninoutita
Quelle drôle de vision, cette tête fushia de lapin, épris des nuages et voguant au hasard dans les cieux blancs.
J'avais raté mon bus. Il me restait encore plus de vingt minutes à patienter dans le froid. Alors j'ai décidé de rentrer chez moi en marchant. Puis petit à petit mes pas se sont enchaînés, la vitesse les prenait, je courais maintenant. C'est à ce moment que je l'ai vu, avec ses grandes oreilles roses, je devinais son sourire figé et sa tête ne tenait plus qu'à un fil. Je courais en regardant en l'air, un sourire béat qui fendait l'air froid, une chance que je n'ai pas trébuché. Après j'ai fait un détour, j'ai longé la rivière, j'avais l'air folle sans doute. Dans ma tête les paroles se succédaient, sans queue ni tête, Drinking white rum in a Portugal bar /One night she started to - shim and shake- that brought on the Frisco quake/ for feeling so lonely / So easy to look at, so hard to define. So hard to define. Define your smile which stays in my mind, where is the eraser pleese ?
Je te croyais évaporé, tout mon blabla avec un certain désir inassouvi, des foutaises tout ça. Seulement j'y croyais vraiment, je ne me mentais pas je t'assure, je te croyais réellement parti, enfin mon amour pour toi envolé, rien que des souvenirs ineffaçables certes mais plus douloureux. J'aurais dû être moins sûre, peut-être qu'après tout tu seras mon fantôme à moi, le genre qui ne lâche pas l'affaire. T'es mort alors ? Tu vis ? Tu bois beaucoup de rosé en pensant à moi ? Tu lis à nouveau Aragon ? T'as aimé Aurélien ? Tant de questions que j'aimerai te poser, des questions à la con, des questions qui ne riment à rien, qui se chevauchent comme si de rien n'était mais tu as été le seul à entrer en connexion avec mon esprit déconnecté, le seul à m'aimer vraiment il me semble, ou alors le seul à m'aimer tout court.
Alors voilà, tu restes au statut du seul et tu caresses tranquillement, du haut de ton intouchabilité, ma solitude.
J'ai beaucoup fui la maison depuis le premier janvier, pas un samedi à dormir dans mon lit, je n'ai rien connu de mieux, j'avais juste envie de rencontrer quelqu'un d'autre, quelqu'un qui me ferait t'oublier toi.
T'as gagné tu vois, maintenant je peux passer pour une conne facilement.
La tête de rongeur n'était qu'un ballon perdu par un enfant trop absorbé dans la contemplation d'une pomme de pin échouée sur le bitume. C'était sûrement cela.
Alors c'est ça les pensées qui se filent, oups j'ai perdu le fil de ma pensée, alors les chansons mentent toutes parce que non, avec le temps tout ne s'en va pas, reste des moisissures de sentiment, ça fait combien de temps maintenant, un an et huit mois et quoi, t'es toujours là !?
Je remarque ma crédulité, trop y croire, se faire de faux espoirs, arpenter ses maux au jour le jour sans dire un mot et puis finir par craquer, toutes ces larmes ne t'étaient pourtant pas dédiées. Tu n'en aurais pas été fier, je t'en prie, chuchote-le moi.
J'ai attendu deux virgule cinq appels en absence hier soir, pour les "et demi". Ils ne sont pas venus. J'en ai conclu que je t'avais perdu.
Ecrit par ninoutita, le Vendredi 21 Mars 2008, 21:04 dans la rubrique Journal qui se veut intime .
Commentaires :
Je sais pas si c'est moi qui bug mais je peux pas te laisser de message en haut. Je voulais juste dire ça :
"Peut-être que lorsqu'il n'envahira plus mes sens, je n'écrirais plus." Oh non, ça ferait un trop gros vide dans ma blogosphère ! =)
"Peut-être que lorsqu'il n'envahira plus mes sens, je n'écrirais plus." Oh non, ça ferait un trop gros vide dans ma blogosphère ! =)
inconsciente
Ces douleurs-là elles nous constituent.
Et moi je crois que je préfère les avoir que d'être bienheureuse.
Elles m'occupent, ne me réchauffent pas vraiment mais me font cogner le coeur, m'extasier ou me fracasser la tête de larmes. Elles sont en moi, elles me font moi. Et même si on a attendu trop longtemps. Même si on se sent con. C'est notre beauté, notre bêtise, notre petit défaut, ce qui nous rend plus beau. J'aime les défauts.
Non avec le temps tout ne s'en va pas. Je n'y ai jamais cru même si cette chanson est sublime.
Je t'aime petit trésor, prends soin de toi.