© Ninoutita

J'aimerai bien enlever ce vêtement bizarre qui couvre ma peau. Me déshabiller enfin. Elles étaient étranges mes larmes de cette nuit. Elles coulaient comme si de rien n'était, je ne m'en rendais presque pas compte. Je me suis assise sur le lit trop grand pour moi, en me posant une question simple "Il est où le problème ?". Putain, être humaine ne pourrait pas être un peu plus simple parfois ?
Dévorer le bonheur sans s'encombrer de "mais" et pleurer parce qu'on nous a fait mal, pas parce qu'on est vêtu d'une peau étouffante.
J'entasse les plans sur la comète, les utopies du futur proche, tout un bazarre de déchets adolescents.
Et ce mois de mars qui ressemble à ces copains septembre, décembre et mai, si ce n'est que le temps est différent. La routine odieuse m'enserre, lundimardimercredijeudivendredi=lycée, samedi=sortie, dimanche=boulot, un petit film de temps en temps, un kebab un midi, l'autre un vietnamien, s'assoir sur les quaies parce qu'il fait beau, rester au foyer parce qu'il pleut. Que de surprises, mon coeur palpite, c'est vous dire !
Alors pourquoi ma foutue motivation constante me colle encore à la peau ? Alors pourquoi il m'arrive d'avoir des fous rire toute seule dans le tram ?
Parce qu'il me reste ce qui faisait de moi une petite fille toujours très joyeuse... l'absurde.
Pas facile à croire lorsqu'on lit mes mots, pas très optimistes ces temps-ci, un peu aigris sans doute et être aigrie à seize ans c'est affreusement rebutant pour trouver un peu d'amour.
Tu nages, ma pauvre fille, tu pédales dans la semoule, tu rates en plein.
Et ce décalage qui te sauve finira bien par te briser, comme n'importe quelle drogue.