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Intuition
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© Ninoutita



Regarde-les ces pigeons gras sans grâce, colle leur image à tes pupilles et réfléchis un tant soit peu.

C'est ce que je me suis dit en me réveillant à une heure de l'après-midi, après un rêve à la fois amer et merveilleux. Dans ce rêve, il y avait des hommes mais il y en avait surtout un. J'étais jeune, comme maintenant finalement, et lui, il devait avoir presque trente ans. Ca se passait dans un pays sec et dans mon rêve, je savais que c'était l'Egypte. Les hommes m'aimaient et lui aussi. Sauf que lui, il a continué à m'aimer durant deux ans, malgré mon indifférence. Et j'ai grandi. Je l'ai aimé à mon tour pendant une année et j'ai dû partir. Alors on se l'ai dit mais c'était trop tard, je devais m'en aller. Dans mon rêve, il y avait quelques images déchirantes, je me jettais contre lui et on m'en empêchait, je pleurais silencieusement, je frappais ceux qui voulait me voir partir. Puis, je ne sais pas comment ni pourquoi (vous savez dans les rêves, c'est souvent ainsi) mais je me suis retrouvée assise sur un banc dans une nuit étonnament noire, entre une route où aucune voiture ne pointait le bout de son nez et des rocs hauts, presque des montages en fait. L'homme m'avait donnée un pinceau et un peu de peinture. Il m'avait dit de peindre les poils du pinceau avec une peinture brillante rose et verte, une sorte de nacre. Je peignis et le pinceau devint la seule lueur de cette obscurité vide. Je retournai en France où je dis à ma mère et à mes soeurs que nous nous aimions et que même si nous nous reverrions sans doute jamais, notre amour ne s'éteindrait pas.
Alors j'ai réfléchi.
Ainsi conté, ce rêve peut sembler franchement guimauve et pourtant il me parait si réel. Je pourrai reprendre cette parole de Macbeth "Je n'ai jamais vu de jour si sombre et si beau." sans mettre rêve à la place de jour. Sans le mettre. Tout ce rêve est un arrière-goût de la réalité que je vis avec Romain. Que je vis ou que nous vivons ? Telle est l'éternelle question qui fout un bordel incroyable dans ma tête et dans mon coeur. Je suis persuadée que son silence radio et sa disparition violente sont indépendants de ses sentiments. Je sais qu'il a besoin de moi, je le sais. Il ne fait pas parti des connards qu'on rencontre souvent et qui nous font souffrir souvent aussi. Il fait parti de ceux qui se trouvent toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Les malchanceux des histoires comiques pour enfants. Les oubliés par leurs parents. Il fuit quelque chose, je ne sais pas quoi, j'ai cru qu'il me fuyait moi mais non, sinon quel sens aurait ces cinq appels en absence reçus, comme nous l'avions convenu il y a un an, entre 23h55 et minuit le jour de mes seize ans (et le jour de ses dix neufs ans du coups). Je ne suis pas folle ou plutôt si, je suis folle d'amour d'un fantôme aux allures de héros de roman romantique. Je crois que beaucoup pensent que je suis très naïve, qu'il m'a oubliée et qu'il file en ce moment le parfait amour avec une autre fille qui vit plus près de chez lui. Que ces personnes là croient ce qu'elles veulent car je sais. Peut-être qu'en ce moment il est entrain de coucher avec une fille mais ses gestes seront mécaniques, il n'y aura pas de sentiments, je le sais. En me relisant, je me trouve très pathétique et en même temps je m'approuve tellement. Je ne suis pas aveugle, je suis quelqu'un qui a les pieds sur terre malgré des rêves et des espérances rocambolesques. Je ne suis pas non plus une idiote qui croit au prince charmant (quoique celles qui croient au prince charmant ne sont pas toutes des idiotes). Je suis amoureuse d'un garçon qui a de gros problèmes. Alors bien sûr, il y a des personnes comme Luc ou Alex qui aiment à dire que peut-être que si je le revoyais ou que nous avions continué, ce serait comme avec tous les autres garçons que j'ai pu un peu trop apprécier, c'est-à-dire la lassitude et le besoin d'indépendance. Mais je suis convaincue que non. D'ailleurs, nous continuons encore. Aucun de nous deux n'a décidé (ou annoncé) de "divorcer" de l'autre. Aucun. Et si je le revoyais, après tout ce que nous avons vécu plus ou moins chacun de notre côté, notre histoire serait singulière et j'aime cette singularité. Peut-être que nous nous séparerions. Peut-être que nous continurions. Je ne crois pas au destin tout tracé. Personne ne sait. Mais je sais seulement (et même si ça peut paraitre très orgueilleux) que je l'aime et qu'il est loin de m'avoir oubliée.





Ecrit par ninoutita, le Samedi 5 Janvier 2008, 20:54 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

inconsciente
inconsciente
05-01-08 à 22:03

Je suis persuadée que tu as raison.

Parfois je voudrais qu'il te sorte de la tête, quand il te fait mal, quand tu en souffres.
Mais j'y crois toujours pour toi.

Quand on a un rêve, parfois (souvent ?) on a besoin que d'autres gens (des amis ?) y croient avec nous.

Sois orgueilleuse.
Quand il s'agit d'amour, c'est le plus beau des défauts.

Moi aussi je suis persuadée que mon Prince m'aime.
J'en suis persuadée.
Et même si notre histoire ne ressemble à rien puisqu'il refuse qu'elle commence, elle existe quand même.

J'y crois avec toi ma ninette.

 
ninoutita
ninoutita
05-01-08 à 22:07

Re:

Je ne sais pas si je peux te considérer comme une amie, tu es autre chose, un extraterrestre d'amour qui est arrivée bien à temps.

J'y crois pour toi aussi ma rafi.

Et quand tu m'appelles ninette, ça me rappelle comme ma famille m'appelle, alors j'ai envie de pleurer (de nostalgie et de tendresse je crois :))

 
inconsciente
inconsciente
05-01-08 à 22:10

Re:

J'adoore être un extraterrestre d'amour :)

Je t'aime ninette

 
aphone
aphone
07-01-08 à 18:42

Non ça n'est pas orgueilleux. Tu es trop lucide pour ça.

 
Safia
11-01-08 à 20:34

C'pas possible qu'il t'ait oubliée, je n'pense pas non.
J'aime beaucoup beaucoup ta photo au fait.