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© Ninoutita

Hier, c'était le concert de Klaxons. Hier, j'ai beaucoup dansé, j'ai beaucoup crié, seule dans une foule d'inconnus, ou presque. J'avais June au coin de l'oeil parce qu'il m'avait dit qu'il y serait. Alors je profite en essayant d'apercevoir sa longue silhouette fine. Mes yeux s'habituent vite à l'obscurité. J'ai chaud mais tant pis, je continue à danser, danser, danser. Quand je danse, je ne connais pas la demi-mesure, je me donne toute entière à la musique. Je réagis à chacune des vibrations. Mais hier, c'était pire. Je faisais des bonds qui m'ont paru gigantesques. Et puis, je souriais à chaque minute, même si le concert n'était pas si bon, je continuais à montrer mes dents rondes à la scène. Je m'enfoutais d'avoir l'air bête, je m'enfoutais tellement. Je me sentais libre. L'Indépendance, vous savez.
Le concert fut bref, fatigant, assez intense. Je suis une des premières à sortir de la salle pour aller me rafraîchir avec un verre d'eau. Je me nois de fatigue dans le liquide glacé. Je souris, encore. Je prends mon manteau, mon sac à main au vestiaire et je sors dans la nuit humide. J'ai du temps devant moi, il n'est que vingt-deux heures quarante et il pleut, encore. Je regarde la foule vider la Laiterie, je regarde sans voir car je ne le vois pas arriver vers moi et me poser un baiser sur le front. Sur le front, toujours, même s'il doit beaucoup se baisser pour l'atteindre. Enfin, toujours est-il que ses lèvres sont plus proches de mon front que de mes joues. On ne se dit même pas bonsoir et le simple fait qu'on n'est pas besoin d'échanger quelques mots me donne des frissons. Il sort une cigarette de la poche intérieure de son manteau noir, gratte une allumette, l'allume et en tire une bouffée en me souriant. J'ai les premiers accords de transmission dans la tête. Je fredonne "thanks, thanks, thanks to the radio". Et puis, June me demande si j'ai bien aimé le concert. "Plutôt, un peu rapide mais bon. Et je pensais qu'ils allaient être un peu plus excentriques. "Comme aux Eurockéennes". On s'échange un regard secret et les frissons reviennent. Il me fait tirer une ou deux latte sur sa cigarette et me prête son écharpe parce que je grelotte. En me la nouant autour du cou, il me murmure "ça faisait longtemps que je ne t'avais pas aperçu... Depuis qu'on avait croisé ta soeur en fait." Je n'ai pas osé rajouter : et depuis que Mister LadyBird m'a fait comprendre.
Mon père a fini par arriver, une heure plus tard. J'ai dénoué l'écharpe et embrassé sa main avec une révérence. Il a ri de ce geste tout à fait désuet. J'ai claqué la porte, je me suis gondolée dans la voiture paternelle. Mon père se fout souvent de ma manière de parler parce que parfois j'ai un accent un peu juif. Au lieu de dire "non mais tu ne trouves pas !", je dis "non mais ti trouves pas !".
Alors forcément, il en rit.
Et moi avec.
Sauf qu'hier, je riais en ayant l'esprit occupé par Mister LadyBird. C'est étrange comme notre dernière rencontre (avant longtemps puisqu'il est parti en Allemagne) m'a marquée. Pourtant il ne s'est rien passé de spécial. Et c'est peut-être pour ça. Cette soirée avec ma soeur, Mister LadyBird et leurs copains étaient une de mes meilleures soirées parce qu'il y avait ce côté complétement décalé du Mister en question. Quand je pense qu'on avait même parlé de mes deux grands-mères. On avait entre autre aussi fantasmé sur Devendra. Mince, je suis atteinte par une nostalgie toute douce. Le genre de nostalgie qui a un goût de faro, d'humour et de coccinelle.
Ecrit par ninoutita, le Jeudi 22 Novembre 2007, 20:46 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

inconsciente
inconsciente
22-11-07 à 22:21

C'est génial de pouvoir te lire, te voir, et écouter la chanson qui martèle ta tête.
Manque plus que ton parfum et tu serais presque là.

J'adore comment tu es habillée.
Ça m'avait marquée déjà quand tu étais venue il y a un an.

J'aimerais réentendre ta voix pour déceler ce petit accent dont tu parles.
J'aimerais aussi revoir tes dents rondes. En vrai de vrai.

Mister LadyBird...

Tu m'intrigues   ;)

 
zoé
23-11-07 à 03:50

Re:

ines, je viens de rentrer chez moi il est 2:42 très précisément, j'ai des griffes dans les jambes et je te lis et ça me fait du bien, comme quand tu marche dans la rue et que tu vois des signes partout, selon ton humeur, par exemple, quand je suis de bonne humeur, que je me sens audacieuse et que tout m'appartiens, je roule à vélo et les feux deviennent verts devant moi, signe du destin (auquel je ne crois pas), sûr ! je ne sais pas pourquoi j'écris ça ici, dans cet espèce de journal intime à usage collectif, je ne t'ai vu que deux fois après tout ! mais puisqu'on fourni toutes ces choses intimes aux autres si rapidement, en p'tit kit alors... bon j'avais juste envie d'écrire, je pourrais tout aussi bien ne rien envoyer, je suis revigorée, mais bon tu nous dit tellement de choses, chacun son tour.

 
ninoutita
ninoutita
23-11-07 à 14:20

Re:

Ca me fait plaisir ce genre de long commentaire. J'y pensais : il faut absolument qu'on fete nos célibats respectifs.
Et puis, il faut remédier au "on ne s'est vu que deux fois !".
Tu peux raconter ces petites choses intimes, c'est pas cher :) (meme gratuit)