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Don't speak, I can hear you
--> Voir Beirut et Andrew Bird, et sourire.
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© Ninoutita

J'ai cessé d'être laide lorsque j'ai perdu la vue.
Quand le brouillard fut, quand les mèches que j'avais dans les yeux ne me gênaient plus. Vivre sobrement, sans goûter, seulement fredonner la vie, une vie qui s'aggrippe vicieusement à chacun de mes nerfs. J'ai été angoissée mais cette angoisse est devenue vaine. Se sentir bien n'a plus d'importance pour moi. Leurs sourires, j'ai pu les admirer rapidement, sans trop m'attarder puisque l'obscurité éternelle m'a rattrapée. Un, deux, trois. J'essaie d'ouvrir les yeux et je nois mon impuissance dans un verre de vin -rouge ou blanc ?, qu'importe, je n'ai jamais eu le goût très développé. Alors j'écoute, c'est ce que je sais faire de mieux, et chaque bruissement de ses mouvements me rend frémissante. Alors j'imagine la couleur de son écharpe et je crois le voir. Le aurait bien pu être remplacé par la puisque ça n'a plus d'importance.
Les croyants me diront que Dieu me punit mais peut-être me rend-il mon innocence ? Sans voir, tous les vices de cette terre défilent devant moi sans que je puisse les toucher des yeux. Mais si Dieu existe seulement, pourrait-il donner une couleur plus belle à ma cécité ? Du bleu ou du vert, ce serait parfait. Mais ce grisâtre, cette couleur indescriptible, triste, floue, entêtante qui m'enveloppe, me rend tout simplement désespérée. Comme si je passais mon temps à contempler un mur pendant un automne pluvieux.
J'ai perdu la vue. Mais j'aimerai mieux dire qu'on me l'a enlevée. Perdre, ce serait comme avouer une faute, ce serait ma faute. J'aurais préféré n'avoir jamais vu pour ne pas vivre dans de constants souvenirs visuels. Je suis conne, je ne rêve plus, je suis conne, j'ai perdu.

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Dis, j'ai parlé de toi à dix heure et demi. Elle m'a dit c'est vrai ? et j'ai failli prendre ta disparition pour une grosse blague. Malheureusement non, tu as plongé, je l'ai vu parce que moi, madame, je n'ai pas perdu.
Et un dialogue entre une sourde et une aveugle, un ! Sourde ? Non, une idiote. J'entends bien, je pense faux.
Briiilllant, briiiillant, ce manque d'admiration ne te menera nulle part espèce de conne. Conneconneconne. Ca me résume bien.
Et je reste positive, malgré ce manque de sensibilité paradoxale.
Ecrit par ninoutita, le Jeudi 15 Novembre 2007, 21:07 dans la rubrique Journal qui se veut intime .

Commentaires :

aphone
aphone
16-11-07 à 22:37

Tu arrives à ressembler à l'acteur d'Orange Mécanique ! Quel talent ^^ =)