Parfois les autres ont plus de panache que moi pour exprimer ce que je ressens.
J'aime profondément l'ennui. On dit "un enfant qui ne s'ennuie pas est un enfant qui...". J'ai oublié la suite. Un enfant qui ne s'ennuie pas ne peut pas réellement faire fonctionner son imagination. Un enfant qui ne s'ennuie pas.
Et si je centrais ma vie sur autre chose que le centre. Non mais je me comprends. Faire le tour de l'univers, attraper les étoiles, c'est bien beau, mais quelle utilité ça a ? Ils me font bien rire tous ces poètes des grands faubourgs qui ne connaissent pas l'émotion qu'on peut ressentir sur les boulevards lorsqu'on est happé par le vrombissement des automobiles. Leur vitesse me rattrappe, je voudrais fermer les yeux et ne plus entendre, créer le vide en quelque sorte. Ou imaginer la solitude. On n'est plus seul maintenant. L'indépendance n'est plus qu'une vague idée, une utopie.
Je déteste le verbe "hurler". Je n'apprécie pas les gens qui rient fort. Je préfère ceux qui rient silencieusement.
Deviner, c'est plus délicieux.
Je voudrais tous les jours avoir de ses nouvelles. Savoir comment elle rit et elle vit, si elle plisse toujours autant les yeux quand elle regarde les brins d'herbe. Elle trouvait que le vert du gazon était fluorescent. Il la blessait presque. Il était beau ce lien, pratiquement intouchable, qui nous rapprochait, sans qu'on le sache vraiment. Les petits matins devant la piscine turquoise à goûter l'eau juste du bout des doigts. Prendre un jus d'orange en écoutant les cigales. Elle fumait sa cigarette et je la faisais rire en lui racontant des histoires de pantins sourds. Mais juste sourds pour de faux, pour ne plus entendre les absurdités du monde. Parfois, elle me laissait seule avec Thibaltu, un punk en kilt qui avait un âne en kilt lui aussi, tatoué derrière l'oreille gauche. Il croyait en les Sex Pistols, en les Clash, en Guérilla Poubelle. En des clichés finalement. Je l'aimais bien, il satisfaisait mes fantasmes les plus loufoques. Une fois, il avait enlevé son kilt, il avait enlevé son t-shirt déchiré et il avait plongé nu à minuit, dans l'eau turquoise de la matinée. Je n'avais plus vue la piscine avec les mêmes yeux d'enfant. J'avais pleuré sur son épaule à elle. Elle m'avait posée un baiser sur le front comme June quatre ans plus tard. Je ne sais plus bien quel âge elle avait peut-être dix-sept, peut-être vingt-trois, qu'importe finalement ? Elle était vieille enfait. Pas vieille comme l'est une femme de soixante-dix ans, vieille comme une jeune femme dont les traits aurait été plus ancrés dans sa peau que ceux des autres à cause de la douleur. Elle avait un de ces visages qui n'est pas uniforme, dont les parties ne vont pas ensemble. De grands yeux bleus, de fines lèvres, un nez long, des dents minuscules, un cou interminable, des mains très petites,des cheveux très fins et presque blancs, une peau basanée, des jambes magnifiques. Et toute cette cacomorphologie crée une harmonie toute particulière. Une disonnance propre à elle-même. Je ne sais pourquoi elle s'étale ainsidans mes pensées. Je ne sais pas bien comment la considérer. Elle portait le prénom de ma grand-mère. Et elle riait en silence, derrière ses mains.



i'm bored

I'm the chairman of the bored,
I'm a lengthy monologue
I'm livin' like a dog

I'm bored

I bore myself to sleep at night
I bore myself in broad daylight coz

I'm bored
Just another slimy bore

I'm free to bore my well-bought friends
And spend my cash until the end coz

I'm bored
I'm bored

I'm the chairman of the board

I'm sick
I'm sick of all my kicks
I'm sick of all the stiffs
I'm sick of all the dips

I'm bored

I bore myself to sleep at night
I bore myself in broad daylight coz

I'm bored
I'm bored

Just another dirty bore

All right doll-face
Come on and bore me

I'm sick
I'm sick of all my kicks
I'm sick of all the stiffs
I'm sick of all the dips

I'm sick

I'm sick when I go to sleep at night
I'm still sick in the broad daylight coz

I'm bored
I'm bored

I'm the chairman of the. . .

BORED!

Iggy Pop