© Ninoutita {Je ferais mieux de courir loin. M'enfuir avant que tout cela ne me retombe sur la geule. Mais je m'attache. Il faut croire que j'aime faire souffrir. Et que jamais je n'aimerai simplement, sans me poser de questions toutes les secondes, juste profiter de l'amour qu'on me donne. Finalement, l'amour pour moi est un peu comme un papillon : volage, il meurt vite et s'arrache les ailes. Un papillon qui serait tombé amoureux d'une fleur quelques mois auparavant. Et qui ne s'en remet pas. }

Bordel. C'est un désert. Au loin, un homme, chapeau melon et veston allure 1900, se tient debout sur une dune un peu plus haute que les autres. Il semble regarder au loin. Quoi ? Rien ne pourra nous le dire. Tiens, voilà qui se passe lentement une main sur son front. Sans doute pour enlever les quelques gouttes de sueur qui doivent perler. On s'approche. L'homme est blond. Des yeux gris. Une belle geule. Un nez grand et fin. Avec une bosse. Une belle geule. De longs cils que le soleil a rendu transparent. Et un sourire en coin. Rien, pas même le vent qui souffle pourtant fort ne semble le distraire ou le faire bouger. Il reste immobile, la même expression sur son visage brûlé par les rayons que darde l'astre solaire. Puis, il sort un papier de sa poche de veston et gribouille quelques mots dessus. Un. Peut-être deux. Pas plus. Son écrite semble longue, fine et négligemment penchée. Une écriture d'intellectuel. Un instant passe. L'homme tient le papier serré entre l'index et le majeur. Et finalement, après une courte seconde de doute, il soulève son chapeau, pose le papier sur sa tête et le remet. Il tourne longtemps sur lui-même, de plus en plus vite, si bien que nous ne voyons pas ce qu'il sort de son autre poche. Soudain, une détonation. L'homme s'écrase sur le sable. Une petite goutelette, cette fois de sang, coule sur sa tempe droite.

Sur la lettre, il y avait seulement un mot : rire.