mélodie hypothétique
Il y aurait des éclats de voix. Derrière, on entendrait le bruit sourd d'une radio diffusant un morceau de musique classique. Par la fenêtre, on pourrait apercevoir un pont dont les pierres grisâtres témoigneraient d'un temps immaculé pendant lequel l'eau était plus verte que marron, pendant lequel les gens allaient se baigner dans le fleuve dès que brillait un beau soleil rond. Dans le tiroir de la boîte à musique, il y aurait des roses pourpres et fânées, quelques notes jetées sur des partitions jaunies par le temps qui passe, qui nous rattrappe, trop vite, trop tôt, qui tue, aussi.
Dans ce lieu, une brise légère carresserait tes pommettes, tes pommettes argentées à cause des larmes trop versées. Un homme brun te poserait une main musclée et chaude sur ton épaule légèrement dénudée. Et là, d'un coups, tu sourierais. L'homme prendrait une chaise pour s'assoir enface de toi et te contemplerait, l'air amusé. Tu voudrais t'empêcher de rougir mais rien n'y ferait. Alors tu prendrais ton courage à demain et serrant les poings tu le regarderai bien en face. La radio s'éteindrait, on n'entendrait plus que le rire de quelques gamins sautant dans les flaques. Ton désir te pousserait à lui dire que toi aussi, t'aimerais bien sauter les escaliers quatre à quatre et sauter dans les flaques grises. Mais sûrement que tu as peur de sa réaction. Pourtant tu sais bien, tu sais bien que rien ne dure. Alors qu'est-ce qui t'empêcherait de te jetter à son cou, de lui chuchoter ton envie de petite fille et de le voir rire aux éclats, te prendre dans ses bras et courir se mouiller sous la pluie automnale ?
Rien.
© Ninoutita
Demain, Janvier ne sera plus.
Rien.
© Ninoutita
Ecrit par ninoutita, le Mardi 30 Janvier 2007, 20:15 dans la rubrique Journal qui se veut intime .