Je ne pensais pas qu'il était aussi tôt. Là-bas le soleil ne serait même pas complétement couché. Ici, plus aucune lueur. Rien que l'air sombre de la nuit, et en plus il fait froid.
N'allez pas croire pour autant que l'Irlande est un pays chaud. Il passe du froid mordant à la douceur estivale en quelques minutes. Le soleil luit en même temps que la pluie tombe, nous faisant ainsi le cadeau d'un magnifique arc-en-ciel.
Ca m'a fait du bien de voir ma soeur en bonne santé, qui mange à sa faim sans se priver, sans se déchirer juste après.
On s'est fait dragué dans les pubs. Elle envoyait valser les italiens pendant que j'apprenais à prononcer mon prénom correctement à quatre irlandais en leur faisant remarquer que c'était comme Guiness sans le 'Gu'.
J'ai failli tomber (pas amoureuse parce qu'il n'avait pas ses yeux) sur un italien qui chantait (trop fort!) dans Temple Bar. Il m'a soutenue gentillement, un peu trop même. Je n'étais pas îvre parce que ma soeur veillait sur moi. J'étais seulement heureuse. Heureuse de penser à autre chose qu'à cette semaine qui s'est offerte à moi comme une pomme empoisonnée. Mon coeur ne bat que trop pour Lui. Mes yeux ne pleurent que lorsqu'ils se posent sur la frontière invisible qui nous sépare. Une frontière longue de plusieurs kilomètres. Mes mots s'embrouillent dansant au rythme magique de son trouble pianoté dans l'air. Depuis un certain 17 juillet, je l'ai dans la peau.

Mais même en Irlande, Il n'y était pas. Alors je me suis occupée l'esprit... le shopping m'a pris toute une journée. Là-bas, les habits sont sympas et pas chers. Pas chers, si on n'en n'abuse pas. Ce qui n'est pas PAS mon cas. Tant pis, hein, j'ai un coeur à soigner moi.
Moi et ma soeur qui téléphone à son grand irlandais d'amouuuuur. La rue pavée qui s'étend devant nos yeux fatigués. Ma soeur que j'aime et qui se la joue à la busker depuis près d'un an, devant le palm-tree dans Temple Bar. C'est là où elle a rencontré son Irlandais.
Et bientôt la rentrée, sans oublier mon anniversaire. Notre anniversaire. Comme moi, Il est né un 21 septembre mais trois années auparavant.
D'après lui, trois années de différence n'est rien. Et puis après tout, l'amour n'a pas d'âge.
Aufait, ça vit jusqu'à quel âge un mouton ?
Parce que quand même, les moutons en Irlande, c'est comme les crottes de chiens sur les trottoires de Paris. Enfin, quand j'y suis allée la dernière fois.
Ils sont adorables tous ces moutons irlandais avec leurs petites têtes noires qui ne sont, bizarrement, pas parsemées de tâches de rousseur.

Je danse. Je vole. Je m'écrase lamentablement.

"Qui suis-je moi pour t'aimer ?"

Voilà les derniers mots que tu as prononcé. C'était il y a quelques minutes et ta voix m'enchante encore. Elle n'a pas changé. J'ai aimé son timbre au téléphone. C'était comme si mes cheveux goûtaient pour la première fois à la caresse du vent.


Qui es-tu ? Tu es Toi et c'est bien suffisant.




* Des buskers, c'est à dire musiciens des rues.