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Parfois j'ai l'impression de vivre dans une chanson de Brel. Avec une Mathilde qui est revenue. Une Mathilde avec des yeux bleus délavés et des cheveux bruns coupés très très courts, comme Augustina dans Volver.
Ma Mathilde à moi a une voix grave, masculine. Elle se balade souvent avec un haut marin à manches longues et dort avec un vieux caleçon à carreaux.
Alex est une Mathilde un peu spéciale. Mais pas tant que cela. Finalement, elle est comme tout le monde puisque le monde est différent.
(En ce moment j'ai envie d'attrapper des papillons, de leur caresser les ailes, de les colorier et puis de les laisser s'évader.)
J'aimerai qu'Alex puisse être toujours aussi gentil. Mais il n'est pas d'un naturel sympatique. Je crois qu'il est plus sauvage que tous ces papillons avec qui je jouerai.
Quand je pense qu'il s'est excusé. Excusé d'avoir mal pris ce que je lui avais dit. Il m'a dit qu'il n'était qu'un égoïste, trop égocentrique pour pouvoir s'inquiéter de ce que je pouvais ressentir.
Et puis là, j'ai eu envie de lui dire à ce maudit Héros raté.
"J'ai rencontré quelqu'un, dans le sud"
Il a vite balayé mon visage de ses yeux glacials. D'un coups, il m'a parue beaucoup moins gentil.
" Ah... a-t-il dit en riant, ça doit être comme les autres, un mec de vacances que t'aimes trois minutes puis que tu jettes ou alors pire, t'y penses deux jours puis tu l'oublies"
J'ai eu envie de le frapper. De lui arracher ses maudits yeux. De détruire tous les moments où j'avais pu l'apprécier un peu trop ou pire, le désirer. J'ai failli lui hurler à la tête qu'il était dégeulasse. Mais voilà, cela lui aurait fait trop plaisir. Il se serait contenté de partir en ricanant doucement. Parce même quand il est haineux, sa voix reste douce.
Ensuite, sont venues les larmes. J'avais lutté pendant toute la conversation de réconciliation et là, elles venaient par flot.

Maintenant je suis calme. Une ondée de pigeons étrangement blancs s'envolent pendant que je me demande comment j'ai pu être aussi aveugle. J'ai l'impression de me faire des faux espoirs à chaque fois que je rencontre quelqu'un d'un peu original. J'ai l'impression d'être niaise.
Mais au moins, je n'ai plus l'impression de ne pas être moi.

Je plains son crocodile à perruque rouge de sortir avec Lui. Elle qui est si affectueuse et gentille.
Si je la revois un jour, je lui dirai peut-être tout ce qui s'est passé. Mais j'ai peur que cela lui arrache le coeur et je ne veux vraiment pas qu'elle souffre. Vraiment vraiment pas.

Aujourd'hui j'ai besoin de faire le vide dans ma tête. Un grand nettoyage de printemps, un peu de javel, un coups d'éponge et pouf envolé le postiche de Mathilde.

Je préfère le bleu des papillons à celui de ses yeux. Je préfère les mains pianistes de mon Romain aux siennes. Il fait du jembé et croit en secret que cela fait de lui un artiste.
Il n'est rien qu'un socle sans son David.
Il n'est plus rien... en tout cas à mes yeux.

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*Photos prises sur www.panoptic.be